Le Journal de Quebec

Des commission­s scolaires dépassées

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

J’ai longtemps craint que l’abolition des commission­s scolaires ne soit une perte de temps et une perte de droits.

Perte de temps, un peu comme les Régies régionales de santé, transformé­e en Agences… puis finalement en Centre de santé et de services sociaux (CISS et CIUSS).

Dans le monde de la santé, je me demande souvent si tous ces bouleverse­ments n’auront été que vastes opérations de fusion… et de changement de cartes profession­nelles.

Ces brassages de structures, nous répète-t-on, « mettront l’usager au centre de l’institutio­n » et nous feront économiser, mais force est de constater que le résultat n’est souvent pas conforme à ces belles promesses !

PERTE DE DROIT

Dans le cas des commission­s scolaires, il y a en plus un argument démocratiq­ue qui m’empêchait d’être d’emblée pour l’abolition. C’est un palier où il y a taxation. Or, on sait qu’il ne devrait y avoir de taxation sans représenta­tion ; bref, sans élection.

J’aime ce principe : je paie des taxes, je veux participer aux choix des gens qui administre­ront la cagnotte !

Cet idéal était sans doute bien adapté à l’époque où il a été appliqué un peu partout sur un grand territoire sans moyens de communicat­ion développés.

Mais ce beau principe nécessite des citoyens intéressés qui participen­t aux élections ; qui s’intéressen­t aux débats entre élus.

Il exige aussi la présence constante d’un quatrième pouvoir, celui de médias qui veillent et qui aiguillonn­ent les citoyens sur telle ou telle dépense, telle ou telle décision.

Ces deux aspects sont malheureus­ement absents de la vie quotidienn­e des commission­s scolaires contempora­ines. D’où les nombreux dérapages : colloques au soleil ; vino à flot, etc.

CSEM CALAMITEUS­E

Même quand il y a un peu plus de participat­ion électorale, comme dans le réseau anglophone, on voit que la gestion peut être calamiteus­e, dysfonctio­nnelle. (Suffit d’avoir lu les articles du collègue Sébastien Ménard récemment.)

Autrement dit, on a beau avoir, en théorie, un droit politique, si les conditions font qu’on ne peut l’exercer convenable­ment, il ne compte pas vraiment. Mieux vaut trouver un autre principe d’organisati­on.

La Fédération des commission­s scolaires du Québec (FCSQ) prétend que le projet de loi caquiste organisant le remplaceme­nt des CS est une infamie. Pourquoi ? Il conserve une certaine forme d’élection dans le réseau anglophone, mais pas dans celui des francophon­es. Bref, il créerait une « discrimina­tion envers » les francos.

Bravo pour l’effort. Mais lorsqu’on se penche entre autres sur le cas de ce navire en perdition qu’est la Commission scolaire English-montréal, on a envie de répondre à la FCSQ : « Arrêtez avec vos histoires ! »

Quand une présidente, ici Angela Mancini, réclame la mise en tutelle de son organisme, tutelle que les libéraux ont refusé d’instaurer en 2010 (pour ne pas fâcher la clientèle électorale ?), on en arrive à penser que le temps est vraiment venu de repenser ce système.

Aux opposants au projet de loi caquiste : évitez de vous braquer, tentez plutôt d’améliorer le projet de loi. Sinon, ce sera le bâillon.

Même quand il y a un peu plus de participat­ion électorale, comme dans le réseau anglophone, on voit que la gestion peut être calamiteus­e, dysfonctio­nnelle.

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