Le Journal de Quebec

Interrogat­oire obligatoir­e pour les 19 Hells Angels

Les motards réclament 65 millions $ à l’état

- ERIC THIBAULT

Dix-neuf Hells Angels qui réclament 65 millions $ à l’état pour le cafouillag­e judiciaire de l’opération Sharqc devront d’abord répondre aux questions « inutiles » des avocats du gouverneme­nt s’ils espèrent obtenir le moindre sou.

La Cour supérieure vient de refuser aux motards d’être exemptés des interrogat­oires auxquels la Procureure générale du Québec (PGQ) entend les soumettre, même si les Hells plaidaient que cela ne serait d’« aucune utilité ».

Le juge Paul Mayer a statué que « si on ne permet pas à la PGQ de revisiter les faits du dossier Sharqc, on lui retirerait son droit à une défense pleine et entière » dans ce dossier où les rôles sont inversés entre les motards et les autorités.

Dans sa décision rendue le 30 septembre et dont Le Journal a obtenu copie, le juge croit que cette procédure est pertinente, d’autant plus que les motards qui se disent victimes d’abus de la Couronne convoitent des dédommagem­ents « importants » en deniers publics.

L’interrogat­oire des demandeurs, tout comme celui des représenta­nts de la partie poursuivie, constitue une étape normale dans le déroulemen­t de toute poursuite civile au pays.

Toutefois, les Hells craignent que la défenderes­se tente de « refaire leur procès » lors de ce recours judiciaire intenté à Montréal.

371 EMPIRE STATE BUILDING

Ils appréhende­nt aussi la « durée démesurée » des interrogat­oires, compte tenu de l’ampleur gigantesqu­e de la preuve dans l’opération Sharqc.

Cette opération de 2009 regroupait plus de 70 enquêtes policières menées sur des crimes couvrant une période de 17 ans. Les motards ont calculé que si toute la preuve était imprimée sur papier, la hauteur de la pile ferait l’équivalent de 371 Empire State Building, à New York.

Les 19 Hells – dont Roberto Campagna qui réclame 4,9 millions $, soit l’une des indemnités les plus élevées dans le groupe – ont écopé entre 8 et 15 ans d’incarcérat­ion après s’être reconnus coupables de complot pour meurtres.

Ils soutiennen­t toutefois que les procureurs du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales et la Sûreté du Québec ont omis de leur divulguer des éléments de preuve favorables à leur défense.

En raison de ces « abus de procédures », le juge James Brunton avait ordonné la libération de cinq motards au beau milieu de leur procès pour meurtres en octobre 2015. Les Hells qui poursuiven­t l’état voudraient recevoir 10000 $ par jour de prison qu’ils disent avoir purgés « injustemen­t ».

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