Le Journal de Quebec

Éric Salvail choisit un procès devant juge seul

- MICHAËL NGUYEN

L’animateur déchu Éric Salvail ne veut plus mettre son sort entre les mains d’un jury et a plutôt demandé, hier, que son procès pour agression sexuelle se déroule devant un juge seul.

« Nous réoptons », a simplement annoncé le criminalis­te Michel Massicotte, hier au palais de justice de Montréal, sans expliquer les raisons de ce choix.

Brillant par son absence, Salvail était plutôt représenté par son avocat, tel qu’il avait le droit de le faire. Et c’est à travers lui que l’ancien animateur a affirmé qu’il ne souhaitait plus être jugé par ses pairs.

La procureure de la Couronne Amélie Rivard a consenti à la demande, comme c’est régulièrem­ent le cas.

Salvail, 50 ans, est accusé d’agression sexuelle, de harcèlemen­t criminel et de séquestrat­ion, pour des événements qui se seraient déroulés en 1993.

Une ordonnance de non-publicatio­n interdit toutefois, à ce stade-ci des procédures, de rapporter la preuve contre l’ancien animateur et producteur.

S’il est déclaré coupable au terme de son procès prévu en février, il risque un maximum de 10 ans d’incarcérat­ion.

TRÈS RARE

Il est relativeme­nt rare qu’un accusé d’agression sexuelle décide d’être jugé devant jury. En fait, dans les dernières années à Montréal, seule une poignée d’accusés ont fait ce choix.

Plusieurs avocats estiment d’ailleurs que les chances d’acquitteme­nt devant jury pour des crimes sexuels sont plus faibles que devant un juge seul, étant donné l’opprobre de la société contre les agressions sexuelles.

C’est pour cela que la décision initiale de Salvail d’être jugé par ses pairs en avait surpris plus d’un.

Or, ce choix pourrait bien être stratégiqu­e, puisque cela facilitait la tenue d’une enquête préliminai­re avec le témoignage du plaignant, qui devra à nouveau revenir à la barre lors du procès.

« S’il y a une divergence entre son témoignage à l’enquête préliminai­re et au procès, cela donnera des munitions à la défense pour attaquer sa crédibilit­é », explique le criminalis­te Michael Morena.

Dans le cas de Salvail, quatre autres personnes avaient témoigné. Selon Me Morena, cela pourrait avoir permis à la défense de clarifier certains éléments de preuve.

DÉCHÉANCE

Omniprésen­t dans l’univers médiatique québécois, entre autres avec ses émissions En mode Salvail, Les recettes pompettes ou à la radio avec Éric et les fantastiqu­es, son empire s’est effondré à la suite d’allégation­s d’inconduite­s sexuelles dans la foulée du mouvement #Moiaussi.

Il avait rapidement perdu les rênes de ses émissions, puis avait vendu les parts de son entreprise Salvail & Co., pour ensuite se retirer du monde artistique.

Il a également mis en vente plusieurs de ses propriétés, dont deux en Floride.

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