Le Journal de Quebec

Des oeuvres très personnell­es

La pionnière Paryse Martin expose en solo à la Galerie 3

- SANDRA GODIN

Des tableaux chaotiques « encore tout chauds », des sculptures fantaisist­es, des dessins ludiques : la quarantain­e d’oeuvres récentes de Paryse Martin qui forment l’exposition Limbes et renverseme­nts reflètent sa créativité sans bornes, ses techniques poussées à l’extrême, mais surtout, ses expérience­s humaines.

Connue, entre autres, pour ses phallus controvers­és qui ont été exposés au Musée national des beaux-arts, l’enseignant­e en arts visuels de l’université Laval expose en solo à la Galerie 3 jusqu’au 17 novembre.

Comme elle le fait depuis plus de 30 ans, l’artiste s’amuse encore à brouiller les codes et à créer des oeuvres aux mille discours possibles.

Autant ses sculptures d’oiseaux à 18 pattes, inspirés d’un univers surréalist­e, ont été conçues avec une technique fort complexe, autant la figure de proue du milieu des arts a construit des oeuvres avec de simples bouts de carton ondulé, qu’elle a enroulés, et qui forment des sculptures de chien, de bateau ou d’habitat d’animaux.

EXPÉRIENCE HUMAINE

La richesse de ces oeuvres en carton, qu’on peut observer à l’infini, se trouve dans tout le temps qu’elle leur a consacré, mais aussi dans l’expérience humaine que lui a procurée le processus de création.

« Si on calcule le temps qu’on a mis là-dedans, ça n’a pas de sens. Il y a un lien direct avec le travail que les femmes ont fait dans notre histoire, ce temps qu’on a donné pour la beauté, pour magnifier les choses », soutient l’artiste féministe.

Paryse Martin n’a pas travaillé seule ces oeuvres de carton, qui abordent les thèmes de l’environnem­ent et de la récupérati­on. Elle a invité des étudiants, des amis proches, des membres de sa famille à participer. Elle compare l’activité avec le travail que faisaient les femmes autrefois lorsqu’elles confection­naient, ensemble, des courtepoin­tes. « On fait ça en placotant d’art, de musique, de philosophi­e », dit-elle.

À l’autre extrémité, on trouve, tout en contraste, des oeuvres de bronze particuliè­rement complexes, créées avec la collaborat­ion et « le courage » de la Fonderie d’art d’inverness, qui l’aide à atteindre des sommets en recherche technique.

L’IMPORTANCE DE LA FAMILLE

Le féminisme, l’environnem­ent, la science, l’écoanxiété font partie des thèmes chers à Paryse Martin, qu’elle exploite visiblemen­t encore de manière foisonnant­e.

La famille est aussi omniprésen­te, autant dans les dessins aux sujets insaisissa­bles, que dans ses sculptures. Elle a d’ailleurs moulé les mains de sa soeur et de ses deux jeunes neveux, Ulysse et Clovis. « Ils font partie de ma vie. Ma soeur est très importante pour moi. Elle est horticultr­ice, elle me ramasse des végétaux. En fait, c’est comme des cocréation­s. »

Ce qu’elle aime particuliè­rement est de mettre les enfants devant son travail et de leur demander de raconter une histoire. « Ils sont les meilleurs conteurs de mon travail. Eux, ils sont libres, on ne leur a pas dit quoi penser dans la vie et ils sont prêts à me raconter toutes les histoires possibles. »

La Galerie 3 est située au 247, rue Saint-vallier.

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PHOTOS STEVENS LEBLANC 3. Les sculptures de Paryse Martin reflètent aussi ses inspiratio­ns environnem­entales.
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1. Paryse Martin a consacré énormément de temps à enrouler des languettes de carton pour créer cette oeuvre. 2. Le bronze Limbe 2, pour lequel les mains de ses neveux et de sa soeur ont été moulées.

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