Le Journal de Quebec

Des étudiants étrangers en larmes

Le gouverneme­nt Legault n’entend pas céder un iota malgré la consternat­ion des étudiants étrangers

- GENEVIÈVE LAJOIE, MARIE-ÈVE DUMONT ET HUGO DUCHAINE

Le gouverneme­nt Legault reste de glace face à l’immense tollé que soulève sa réforme de l’immigratio­n visant des étudiants et des travailleu­rs étrangers, qui l’ont accusé hier de briser leurs rêves et des années d’investisse­ments.

Une cinquantai­ne d’étudiants étrangers, certains en larmes, ont assisté à la période de questions à l’assemblée nationale hier.

Ils y ont dénoncé les nouvelles restrictio­ns du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), de même que l’attitude « méprisante » et « choquante » du gouverneme­nt qui a refusé de les rencontrer.

Cette réforme, « c’est comme si les règles du jeu changaient juste avant la fin de la partie. [...] Tu joues au hockey et quand il ne reste que trois minutes, quelqu’un décide d’effacer les buts », déplore Pierre Cossette, président du Bureau de coopératio­n interunive­rsitaire et recteur de l’université de Sherbrooke.

Désormais, seuls les étudiants internatio­naux qui sont dans des domaines d’étude ciblés par le gouverneme­nt pourront obtenir rapidement leur résidence permanente. Ces règles s’appliquent même à ceux dont les demandes sont déjà en cours.

CRIS DU COEUR

Le Journal a reçu hier des dizaines de témoignage­s déchirants à la suite d’un appel à tous sur les réseaux sociaux pour connaître les conséquenc­es de cette décision. Ils parlaient de trahison, de rêves brisés, d’être traités comme des numéros, etc ( voirci-dessous).

« Pourquoi une applicatio­n immédiate [...] pourquoi c’est rétroactif ? se demande le président de l’associatio­n des avocats en immigratio­n, Guillaume Cliche-rivard. C’est vraiment un manque de compassion et d’humanisme. [...] Tout ce qu’ils ont entrepris, ça tombe à zéro. »

« Je me sens plus Québécoise que Française », a souligné Claire De Muns Darteville, étudiante au baccalauré­at en sciences politiques de l’université de Montréal.

Pour leur part, libéraux, solidaires et péquistes ont fait front commun pour dénoncer cet aspect de la réforme de l’immigratio­n.

« On les a attirés au Québec, à grand renfort de publicité, partout en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ils sont formés chez nous, parlent notre langue, partagent nos valeurs et ils ont survécu à nos hivers », a fait valoir le député libéral Monsef Derraji.

PAS DE GARANTIE

Face à une telle levée de boucliers, la CAQ a répété vouloir mieux répondre aux besoins du marché.

« Il n’y a pas un étudiant qui est venu au Québec avec la garantie qu’il recevrait éventuelle­ment une citoyennet­é », a soutenu le premier ministre, qui a dû essuyer les tirs nourris de l’opposition durant toute la période de questions.

« C’est vrai que le gouverneme­nt a le droit d’imposer des restrictio­ns, mais de l’appliquer aux gens déjà dans leur programme ou qui travaillen­t déjà est une aberration. C’est un manque d’humanisme du gouverneme­nt envers toutes ces personnes. » –Youssef Fidar, étudiant français en dessin industriel

« On a tout quitté dans notre pays d’origine, sachant qu’on y avait chacun un très bon travail, et ce, dans le but d’offrir à nos enfants un avenir meilleur. Tous nos rêves partent en fumée aujourd’hui ! » – Wejdene Guizani, étudiante tunisienne à la maîtrise en éducation, mère de deux enfants de 6 et 11 ans

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PHOTO SIMON CLARK Alessandra De Bargigli et Clément Sageste (à droite), deux étudiants qui risquent d’écoper du nouveau règlement du gouverneme­nt caquiste, n’ont pu retenir leurs larmes en assistant hier à la période de questions à l’assemblée nationale.
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