Le Journal de Quebec

La jeune miraculée devient maman

La femme quadriampu­tée après un tragique accident d’auto a donné naissance à un garçon prénommé Loïc

- KARINA MARCEAU

Celle qu’on surnomme la «miraculée de Noël» est devenue maman pour la première fois en fin de semaine, moins de deux ans après le terrible accident de voiture qui l’a laissée quadruple amputée.

À 2 h 50, dans la nuit de samedi à dimanche, Sabryna Mongeon donnait naissance à un beau garçon en santé de 6 lb et 2 onces.

« Il est fort et a du torque en tabarouett­e ! » s’exclame avec fierté le papa, Jonathan Primeau, qui a rencontré la nouvelle maman de 20 ans à l’institut de réadaptati­on Gingras-lindsay-de-montréal.

L’accident de celle-ci, survenu sur une route de campagne enneigée de l’outaouais le soir du réveillon de Noël 2017, avait secoué tout le Québec.

Après avoir fait une embardée qui s’est terminée contre un poteau électrique, la jeune femme a été électrisée en sortant de sa voiture, mettant alors le pied sur le fil qu’elle n’avait pas vu.

Celle qui était serveuse à l’époque a perdu conscience pendant plusieurs heures, se retrouvant en état d’hypothermi­e avancée avant d’être sauvée par un bon Samaritain.

Quatre de ses membres ont toutefois été gravement brûlés et gelés.

Après deux mois passés aux soins intensifs, où elle a subi une dizaine d’opérations qui lui ont fait perdre ses deux jambes et ses deux avant-bras, la Lavalloise ne se doutait certaineme­nt pas qu’elle allait un jour rencontrer l’amour, puis donner la vie au petit Loïc.

CÉSARIENNE D’URGENCE

L’accoucheme­nt devait être provoqué dans la matinée d’hier, mais le bébé s’est finalement pointé le nez samedi dernier.

«J’avais convenu que j’allais accoucher par voies naturelles. Mais après plusieurs heures de travail, on a constaté que mon bébé était en détresse cardiaque. La décision de procéder à une césarienne d’urgence a été prise et, quelques minutes plus tard, mon fils était au monde», raconte Mme Mongeon.

« Il a tout plein de cheveux comme moi !, s’enorgueill­it-elle. Dès que je l’ai eu sur moi, j’ai tout de suite senti le lien fort qui nous unit ! »

BÉBÉ SEVRÉ

Comme la vaste majorité des amputés, Sabryna Mongeon prend des médicament­s pour l’aider à supporter la douleur liée à la perte de ses membres.

Pendant la grossesse, la jeune femme a continué à les prendre, mais le dosage a été passableme­nt diminué sous la supervisio­n de son médecin spécialist­e.

Pour s’assurer que le nouveau-né soit encadré et supporte bien le sevrage, l’équipe soignante a décidé de garder maman et bébé à l’hôpital durant 10 jours.

« Tout se passe super bien ! Loïc est gourmand et demande souvent le sein. Pour faciliter le sevrage, la moitié de son alimentati­on est constituée de lait maternisé et, pour l’autre moitié, je lui donne mon lait », précise la nouvelle maman depuis sa chambre d’hôpital.

Pendant sa grossesse, Sabryna Mongeon a été suivie assidûment par des experts du Centre hospitalie­r de l’université de Montréal (CHUM) et du Centre de réadaptati­on Lucie-bruneau.

La jeune amputée a rencontré une ergothérap­eute qui lui a montré comment réussir à prendre soin de son bébé, changer des couches et donner le bain avec ses prothèses et du matériel adapté spécialisé.

RÉSILIENCE

« Je suis tellement contente d’avoir eu ce suivi. Ça m’angoissait beaucoup la façon dont j’allais prendre soin de mon bébé. Là, j’ai des trucs. J’ai pratiqué, et je sais que je suis capable. »

Pour ceux qui pensent qu’avoir un enfant quand on est quadriampu­tée peut sembler inconscien­t, ce n’est nullement le cas, soutiennen­t les jeunes parents.

« Je leur dis qu’ils ne peuvent pas juger sans connaître Sabryna, sans nous connaître. On est bien entourés, débrouilla­rds et on s’aime ! » soutient le nouveau papa de 22 ans en référence à leur grande résilience, particuliè­rement celle de sa douce « miraculée de Noël ».

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2. La nouvelle maman et son petit Loïc.
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PHOTOS D’ARCHIVES MARTIN ALARIE, COURTOISIE JONATHAN PRIMEAU ET CAPTURE D’ÉCRAN KARINA MARCEAU 1. Sabryna Mongeon en septembre 2018, neuf mois après l’accident. 3. Sabryna a eu l’aide d’une ergothérap­eute qui lui a appris comment prendre soin d’un bébé avec ses prothèses.

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