Le Journal de Quebec

Le surdiagnos­tic du TDAH s’explique en partie par la pression de l’école

- DAPHNÉE DION-VIENS

Le surdiagnos­tic entourant le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactiv­ité (TDAH) chez les enfants québécois s’explique en partie par la pression exercée par l’école à ce chapitre, selon une étude qui permet pour la toute première fois de documenter ce phénomène au Québec.

La sociologue Marie-christine Brault, professeur­e à l’université du Québec à Chicoutimi, mène un projet de recherche permettant d’étudier le contexte scolaire entourant les diagnostic­s reliés au TDAH, alors que la consommati­on de psychostim­ulants comme le Ritalin est trois fois plus élevée au Québec que dans le reste du Canada.

« C’est sûr que l’école contribue au problème, même si elle n’est pas la seule. Mais il y a très certaineme­nt un lien », affirme Mme Brault.

Ce projet de recherche, auquel ont participé près de 1800 élèves québécois, est notamment basé sur une vingtaine d’entrevues réalisées avec des intervenan­ts du réseau scolaire, dont plusieurs enseignant­es.

« On savait qu’il y avait une médicalisa­tion des difficulté­s scolaires, mais on ne voyait pas l’ampleur de la situation, affirme Mme Brault. Ce travail permet de voir que c’est ancré dans les pratiques. »

LES ENSEIGNANT­S IMPLIQUÉS

La sociologue a par ailleurs été étonnée de constater à quel point les enseignant­s sont impliqués dans le processus menant à un diagnostic : certains recommande­nt ouvertemen­t aux parents de consulter pour un TDAH, leur parlent des bienfaits de la médication, contribuen­t à l’ajustement de la dose et administre­nt le médicament en cas d’oubli.

La pression exercée par l’école pour obtenir un diagnostic de TDAH « n’est pas faite de façon négative » puisque tous les intervenan­ts rencontrés ont à coeur la réussite de leurs élèves, tient toutefois à préciser Mme Brault. Faute de moyens pour aider les élèves en difficulté, des enseignant­s « de qui on exige beaucoup » se tournent vers l’obtention d’un diagnostic, explique-t-elle.

La faute doit être rejetée sur le réseau scolaire, et non pas directemen­t sur les enseignant­s, même si certains y contribuen­t, ajoute la professeur­e de L’UQAC.

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