Le Journal de Quebec

Barrette dénonce la centralisa­tion du gouverneme­nt

- CHARLES LECAVALIER

Gaétan Barrette accuse la CAQ de copier ses réformes pour tout centralise­r au gouverneme­nt et utiliser allègremen­t la méthode bulldozer.

« L’état, c’est François Legault, Simon Jolin-barrette, Christian Dubé, Pierre Fitzgibbon, et peut-être un peu Geneviève Guilbault pour l’apparence. Pis [Jean-françois] Roberge. Le reste, ils ne comptent pas. Toutes les décisions se prennent dans ceux que je viens de vous nommer, moins Guilbault. C’est tout. Le pouvoir, il est là. Comme dans une entreprise », laisse tomber l’ancien ministre de la Santé en entrevue avec notre Bureau parlementa­ire.

« On a un PDG et des vice-présidents. Les autres, ce sont des ministres gérés par leurs fonctionna­ires. That’s it », a-t-il ajouté.

M. Barrette fait une critique globale du gouverneme­nt. Il énumère plusieurs projets de loi qui, à son avis, vont plus loin que sa réforme et éliminent des contrepoid­s : l’abolition des commission­s scolaires ; la réforme du Fonds vert ; le projet de loi sur les tarifs d’électricit­é ; la réforme d’investisse­ment Québec ; le projet de loi qui permet, dit-il, à l’exécutif de changer le nom et la mission d’un ministère par décret plutôt que par loi ; la centralisa­tion des achats gouverneme­ntaux.

« BULLDOZER » POUR MIEUX RÉGNER

M. Barrette estime que la CAQ a copié ses réformes « dans la forme et la manière ».

« La réforme la plus équilibrée qui a été faite, c’était la mienne. Qu’ils ne viennent pas dire que la mienne était pourrie et que la leur est meilleure, ils sont allés exactement dans le même sens », a-t-il dit.

La manière : « Ils vont vite et imposent, pour empêcher la résistance de se mettre en place. C’est ce que j’ai fait », dit-il.

M. Barrette estime qu’il a payé un lourd prix, mais que la CAQ a un passe-droit, car « elle “bulldoze” avec le sourire ».

Sur la forme, « le modèle est à peu près le même ». En supprimant les commission­s scolaires, Québec élimine une « couche intermédia­ire », comme « j’ai enlevé une couche qui ne servait à rien avec les agences de santé », explique M. Barrette.

Mais le ministre Roberge s’est arrogé des pouvoirs que lui-même [M. Barrette] ne s’est pas attribués, plaide-t-il.

« Je n’aurais pas pu décréter l’horaire d’un bloc opératoire. Mais le ministre se donne le pouvoir d’augmenter les notes », a-t-il pesté.

Dans le cas du Fonds vert, Benoit Charette « est allé plus loin encore que ce que je n’ai jamais fait », a dit M. Barrette.

« C’est lui qui reçoit l’argent, et on lui donne le pouvoir d’utilisatio­n de l’argent, sans aucun contrepoid­s », s’est-il étonné.

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GAÉTAN BARRETTE Ancien ministre de la Santé

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