Le Journal de Quebec

Déclaratio­ns manquantes au coeur du litige dans l’affaire Plamondon

L’ex-détenu espère obtenir 35 M$ en dédommagem­ent dans un procès au civil

- KATHLEEN FRENETTE

Le coeur du litige opposant Yves Plamondon au Procureur général du Québec a été touché, hier, lorsque l’enquêteur chargé du dossier en 1985 a mis en lumière les « différence­s » entre les déclaratio­ns de témoins qui auraient pu, selon les avocats de « Colosse », blanchir leur client.

Entre les mois d’août 1985 et avril 1986, le policier de la Sûreté du Québec (SQ) chargé d’enquêter sur le meurtre de Claude Simard a remis « toute la preuve » au procureur qui s’occupait alors de l’affaire, Me René de la Sablonnièr­e.

« On devait se rencontrer deux ou trois fois par semaine. Au fur et à mesure que l’enquête avançait, je lui remettais les documents que nous avions : les déclaratio­ns des témoins, les différente­s expertises, les rapports de filature, de balistique, d’écoute électroniq­ue », a témoigné Denis Alain, retraité depuis 2003.

DÉCLARATIO­NS JAMAIS DIVULGUÉES

Toutefois, en juillet 2008, les premières déclaratio­ns des témoins Jean-noël Daley et Pierre Gaudreault sont revenues le hanter puisqu’elles n’avaient jamais été divulguées dans le cadre du procès de Plamondon.

« Depuis ce temps, je cherche pourquoi ces déclaratio­ns n’ont pas été remises. J’ai fait 32 ans à la SQ, 20 ans aux crimes majeurs et jamais je n’ai induit personne en erreur. J’ai fait un serment d’office et je l’ai toujours respecté », a-t-il dit d’un souffle.

Les avocats de Plamondon estiment qu’à l’époque, la preuve n’avait pas été divulguée entièremen­t.

Questionné par le juge au procès, Jean-françois Émond, à savoir quelles différence­s il y avait entre les premières et deuxièmes déclaratio­ns de ces individus, le policier a mentionné qu’il s’agissait « pratiqueme­nt de copies carbone ».

Selon son témoignage, dans la première déclaratio­n de Gaudreault, le nom d’yves Plamondon n’est pas directemen­t placé avec celui de la victime et André « Bull » Desbiens, alors que dans la seconde, il l’identifie clairement.

« À la deuxième rencontre, Desbiens et Plamondon étaient sous arrêt. Le témoin avait donc moins peur de donner l’heure juste parce que la pression avait baissé et qu’il y avait moins d’intimidati­on », a-t-il expliqué.

HEURES D’ENTRÉE ET DE SORTIE

En ce qui concerne les déclaratio­ns de Daley, la différence se situe principale­ment au niveau des heures d’entrée et de sortie des protagonis­tes de la taverne Desrosiers, qui servait de repaire à « Colosse ».

L’enquêteur ne s’est pas non plus questionné au procès, lorsque tous ne parlaient que d’une seule déclaratio­n pour ces deux témoins. « Je ne sais pas ce qui s’est passé. »

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Après avoir passé 28 ans en détention pour trois meurtres qu’il a toujours nié avoir commis, Yves « Colosse » Plamondon poursuit le Procureur général du Québec pour 35 M$. On le voit ici, lundi, à l’ouverture du procès au palais de justice de Québec.
PHOTO STEVENS LEBLANC Après avoir passé 28 ans en détention pour trois meurtres qu’il a toujours nié avoir commis, Yves « Colosse » Plamondon poursuit le Procureur général du Québec pour 35 M$. On le voit ici, lundi, à l’ouverture du procès au palais de justice de Québec.

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