Un proche de Trump avoue avoir lié l’aide à l’ukraine à une enquête
Ce témoin-clé pourrait faire basculer l’opinion en faveur d’une destitution
WASHINGTON | (AFP) Un diplomate américain a admis avoir conditionné une aide militaire destinée à l’ukraine à l’ouverture d’une enquête sur un rival politique de Donald Trump, livrant aux démocrates un des témoignages les plus accablants à ce jour dans leur enquête pour destituer le président des États-unis.
La toile d’auditions que les démocrates tissent depuis plus d’un mois à huis clos pour étayer leurs soupçons contre le milliardaire républicain a poussé l’ambassadeur des États-unis auprès de l’union européenne, Gordon Sondland, à compléter son témoignage fait mi-octobre au Congrès.
Ce témoin-clé, soutien du président Trump dont il a financé la campagne, avait alors dit, sous serment, n’avoir « pas participé » à des actions visant à « geler de l’aide afin de faire pression » sur le gouvernement ukrainien – estimant même qu’une telle attitude serait « inappropriée », voire « illégale », si elle avait comme but « d’influencer une élection américaine ».
Or, c’est là le coeur de la procédure de destitution ( impeachment) : Donald Trump a-t-il suspendu une aide militaire promise à l’ukraine afin de forcer la main à son homologue ukrainien Volodomyr Zelensky pour qu’il ordonne une enquête sur l’ancien vice-président américain et potentiel rival démocrate Joe Biden.
Dans son appel controversé du 25 juillet, le président Trump demande au dirigeant ukrainien de se « pencher » sur le cas de Joe Biden et de son fils Hunter, alors membre du conseil d’administration du groupe gazier local Burisma.
TEXTOS
Confronté aux récits d’autres hauts responsables déjà récoltés par la Chambre des représentants, M. Sondland a adressé lundi aux élus une déposition écrite, rendue publique hier. Il y fait état d’une conversation avec Andreï Yermak, un conseiller du président ukrainien, qu’il avait initialement passé sous silence.
« Je me souviens maintenant avoir parlé avec Yermak pour lui dire que la reprise de l’aide américaine n’arriverait sans doute pas jusqu’à ce que l’ukraine fournisse une déclaration publique contre la corruption dont nous parlions depuis de nombreuses semaines », a-t-il précisé.
Cette déclaration anticorruption que Washington réclamait de Kiev, et plus précisément du président Zelensky, revient à plusieurs reprises dans des messages textes échangés par les principaux acteurs de la politique ukrainienne des États-unis.
Dans une nouvelle salve de textos divulgués hier, on apprend que les diplomates américains, dont Gordon Sondland, insistaient pour que la déclaration ukrainienne mentionne spécifiquement, parmi les cibles des enquêtes, l’entreprise Burisma, et de vieux soupçons qui circulent dans les milieux trumpistes, jusqu’ici jamais étayés, selon lesquels des Ukrainiens se sont ingérés dans la présidentielle de 2016 au détriment du candidat républicain.
NOUVELLE PHASE ?
Avec la publication de premières transcriptions d’auditions à huis clos, l’enquête vient d’entrer dans une nouvelle phase. Les démocrates, qui contrôlent la Chambre des représentants chargée des investigations, espèrent que cela fera basculer l’opinion en faveur d’une destitution.