Agropur écrème son organisation
L’EX-PDG a « mal géré et mal compris » l’organisation, selon des ex-dirigeants
La gestion déficiente d’agropur a plongé la coopérative dans une crise explosive qui l’a forcée à faire rouler des têtes pour éponger les pertes financières, a appris Le Journal. Et ce n’est pas fini.
« Agropur a perdu les contrats de Walmart dans l’ouest canadien. Ils ont ensuite perdu des contrats avec Costco. Ça a été mal géré et mal compris », a avancé au Journal un ex-dirigeant du géant laitier québécois sous le couvert de l’anonymat.
« Incompétence », « mauvaise volonté »… Les mots sont durs à l’endroit du PDG sortant d’agropur, Robert Coallier, accusé d’avoir « mal géré » la coopérative sous son règne, selon des ex-dirigeants et membres d’agropur.
Fermetures d’usines, excédents en forte baisse, crise ouverte de leadership… le passage de Robert Coallier, un ancien de Molson et de Dollarama, leur a laissé un goût amer.
Malgré l’achat de Scotsburn et Damafro, un chiffre d’affaires de 6,7 milliards $ l’an dernier, les excédents nets (profits) d’agropur piquent du nez ( voir tableau) et sa dette à long terme dépassait le 1,4 milliard $ en 2018, ce qui sème l’inquiétude chez plusieurs.
GRAND MÉNAGE
À la mi-octobre, quand le chef de la direction financière, Émile Cordeau, a pris la place de Robert Coallier en devenant chef de la direction, il n’a pas tardé à faire rouler les têtes des vice-présidents autour de lui pour faire le ménage ( voir tableau).
« On est tous mis dehors comme des voleurs. On ne s’attendait pas à ça d’agropur avec les belles valeurs familiales, de respect et de partage de nos producteurs laitiers », a déploré l’un d’eux en colère en refusant d’être identifié par peur de représailles.
Or, selon nos sources, Émile Cordeau s’apprêterait maintenant à supprimer des centaines d’emplois à son siège social et dans l’ensemble de l’organisation.
Une première vague de suppressions d’emplois, prévue fin octobre, aurait été déplacée début novembre en raison de l’annonce de la fermeture de l’usine de SaintDamase. Une deuxième vague de coupes serait déjà inscrite au calendrier en février.
« Quand Agropur aura des annonces à faire, on le fera, mais je ne peux pas commenter les rumeurs », s’est limitée à dire la porte-parole d’agropur, Véronique Boileau, en marchant sur des oeufs, quand la question lui a été posée.
UPA OPTIMISTE
Si ces mises à pied se concrétisaient, elles s’ajouteraient à celles qui ont frappé les travailleurs des usines de la coopérative ces dernières semaines.
Début octobre, les 180 employés de l’usine de crème glacée et de friandises glacées de Lachute ont appris qu’agropur mettra fin à ses activités l’été prochain.
Quelques semaines plus tard, le géant laitier a indiqué qu’il allait finalement fermer celle de 110 travailleurs de Damafro, à Saint-damase, faute de pouvoir la rendre viable.
Malgré la situation, le président général de l’union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, lui-même producteur laitier membre d’agropur, s’est montré optimiste.
« S’il n’y a pas de ristournes cette année, et même s’il y a un déficit, ce que je n’anticipe pas, les membres vont demeurer derrière la coopérative », a-t-il laissé tomber.
Jointe par Le Journal, Agropur a décliné nos demandes d’entrevue avec Robert Coallier et Émile Cordeau à plusieurs reprises.