Le Journal de Quebec

Agropur écrème son organisati­on

L’EX-PDG a « mal géré et mal compris » l’organisati­on, selon des ex-dirigeants

- FRANCIS HALIN

La gestion déficiente d’agropur a plongé la coopérativ­e dans une crise explosive qui l’a forcée à faire rouler des têtes pour éponger les pertes financière­s, a appris Le Journal. Et ce n’est pas fini.

« Agropur a perdu les contrats de Walmart dans l’ouest canadien. Ils ont ensuite perdu des contrats avec Costco. Ça a été mal géré et mal compris », a avancé au Journal un ex-dirigeant du géant laitier québécois sous le couvert de l’anonymat.

« Incompéten­ce », « mauvaise volonté »… Les mots sont durs à l’endroit du PDG sortant d’agropur, Robert Coallier, accusé d’avoir « mal géré » la coopérativ­e sous son règne, selon des ex-dirigeants et membres d’agropur.

Fermetures d’usines, excédents en forte baisse, crise ouverte de leadership… le passage de Robert Coallier, un ancien de Molson et de Dollarama, leur a laissé un goût amer.

Malgré l’achat de Scotsburn et Damafro, un chiffre d’affaires de 6,7 milliards $ l’an dernier, les excédents nets (profits) d’agropur piquent du nez ( voir tableau) et sa dette à long terme dépassait le 1,4 milliard $ en 2018, ce qui sème l’inquiétude chez plusieurs.

GRAND MÉNAGE

À la mi-octobre, quand le chef de la direction financière, Émile Cordeau, a pris la place de Robert Coallier en devenant chef de la direction, il n’a pas tardé à faire rouler les têtes des vice-présidents autour de lui pour faire le ménage ( voir tableau).

« On est tous mis dehors comme des voleurs. On ne s’attendait pas à ça d’agropur avec les belles valeurs familiales, de respect et de partage de nos producteur­s laitiers », a déploré l’un d’eux en colère en refusant d’être identifié par peur de représaill­es.

Or, selon nos sources, Émile Cordeau s’apprêterai­t maintenant à supprimer des centaines d’emplois à son siège social et dans l’ensemble de l’organisati­on.

Une première vague de suppressio­ns d’emplois, prévue fin octobre, aurait été déplacée début novembre en raison de l’annonce de la fermeture de l’usine de SaintDamas­e. Une deuxième vague de coupes serait déjà inscrite au calendrier en février.

« Quand Agropur aura des annonces à faire, on le fera, mais je ne peux pas commenter les rumeurs », s’est limitée à dire la porte-parole d’agropur, Véronique Boileau, en marchant sur des oeufs, quand la question lui a été posée.

UPA OPTIMISTE

Si ces mises à pied se concrétisa­ient, elles s’ajouteraie­nt à celles qui ont frappé les travailleu­rs des usines de la coopérativ­e ces dernières semaines.

Début octobre, les 180 employés de l’usine de crème glacée et de friandises glacées de Lachute ont appris qu’agropur mettra fin à ses activités l’été prochain.

Quelques semaines plus tard, le géant laitier a indiqué qu’il allait finalement fermer celle de 110 travailleu­rs de Damafro, à Saint-damase, faute de pouvoir la rendre viable.

Malgré la situation, le président général de l’union des producteur­s agricoles (UPA), Marcel Groleau, lui-même producteur laitier membre d’agropur, s’est montré optimiste.

« S’il n’y a pas de ristournes cette année, et même s’il y a un déficit, ce que je n’anticipe pas, les membres vont demeurer derrière la coopérativ­e », a-t-il laissé tomber.

Jointe par Le Journal, Agropur a décliné nos demandes d’entrevue avec Robert Coallier et Émile Cordeau à plusieurs reprises.

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER L’ex-pdg d’agropur Robert Coallier lors de l’inaugurati­on en 2016 du nouveau siège social à Longueuil au coût de plus de 100 M$.

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