Le Journal de Quebec

Vers un Québec français

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Responsabl­e à la fois de l’immigratio­n, de la laïcité et de la langue française, Simon Jolin-barrette est en quelque sorte le ministre de l’identité nationale du gouverneme­nt Legault.

Sa tâche est immense. Pendant quinze ans, les libéraux ont travaillé fort à canadianis­er mentalemen­t les Québécois. Sans oublier complèteme­nt leur identité, les Québécois devaient la relativise­r.

On connaît l’héritage libéral : seuils d’immigratio­n démesuréme­nt élevés, démission linguistiq­ue ayant favorisé l’anglicisat­ion de Montréal et de Laval qui se détachent progressiv­ement de la majorité historique francophon­e, aplatissem­ent devant les accommodem­ents ethnorelig­ieux, soumission au multicultu­ralisme canadien, diabolisat­ion du nationalis­me québécois. On pourrait poursuivre longtemps.

JOLIN-BARRETTE

Simon Jolin-barrette veut engager le Québec dans une nouvelle direction. Certes, il tâtonne un peu. Quelquefoi­s, il gaffe. On l’a vu avec l’idée d’une loi pour interdire le Bonjour-hi ou avec le très décevant test des valeurs.

Mais globalemen­t, il va dans la bonne direction. Il semble avoir pour objectif de refaire du français notre langue commune.

Première chose : il doit refaire du français notre langue officielle. Cela implique que l’état s’adresse aux citoyens dans cette langue, comme le ministre vient de le proposer. Le français ne doit jamais être considéré comme une langue optionnell­e au Québec. Celui qui arrive chez nous ne doit pas avoir le choix entre le français et l’anglais, mais embrasser notre langue.

Évidemment, la minorité historique anglaise a des droits, que personne ne conteste. Mais on ne saurait s’appuyer sur ces droits pour justifier le passage à une forme de bilinguism­e collectif, officiel ou officieux. C’est pourtant la tendance actuelle.

La loi 101 est de plus en plus un symbole impuissant. On continue de la vénérer sans voir qu’elle n’a plus grande emprise sur la société. Elle nous rassure et nous fait perdre notre vigilance alors que nos signes vitaux sont inquiétant­s.

Dans le même esprit, la connaissan­ce du français devrait être un critère obligatoir­e pour ceux qui veulent s’établir au Québec.

Mais il faut aller plus loin. L’historien Michel Brunet disait que trois facteurs pèsent dans la vie des peuples : le nombre, le nombre et encore le nombre. En ce moment, nous recevons deux fois plus de gens que nous ne pouvons en intégrer. Il faut baisser les seuils. La rhétorique sur la pénurie de main d’oeuvre, qui relève de l’illusion idéologiqu­e, ce qu’a démontré Jacques Houle dans son livre Disparaîtr­e, a pour principale fonction d’interdire d’aborder cette question.

COURAGE

Comment peut-on sérieuseme­nt nier le lien entre l’immigratio­n massive et l’anglicisat­ion du Québec ? Évidemment, les profession­nels de la rectitude politique vont hurler. Ils diront violemment qu’on n’a pas le droit de dire cela. C’est ainsi qu’on fait taire ceux qui parlent vrai dans notre société : en les accusant de racisme, de xénophobie, de fermeture à l’autre.

Et pourtant, c’est en défiant les censeurs qu’on progresse collective­ment. C’est ce qu’a fait Simon Jolin-barrette à propos de la laïcité. C’est ce qu’il doit faire désormais sur le dossier vital de la langue française.

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Il faut refaire du français notre langue commune

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