Le Journal de Quebec

À cause de la vente de

130 emplois perdus dans a s une u e us usine e

- PHILIPPE ORFALI

Le fabricant de moulures Roland Boulanger & Cie a mis fin à ses activités et licencié ses 130 employés, hier, conséquenc­es « directes » de la décision de RONA-LOWE’S de ne pas renouveler le contrat qui les liait depuis des décennies.

« La fin du contrat à RONA, ç’a été le déclencheu­r. On n’a jamais été en mesure de compenser la perte de rentabilit­é », lâche en entrevue au Journal Alexis Boulanger, petit-fils du fondateur de l’entreprise de Warwick, au Centre-du-québec.

C’est à l’été 2017, neuf mois après l’acquisitio­n de RONA par Lowe’s, que l’entreprise a pris la décision de rompre ses liens avec Roland Boulanger. Un fournisseu­r de la Colombie-britanniqu­e, Metrie, a alors été préféré à la compagnie familiale québécoise.

Roland Boulanger a bel et bien été en mesure de trouver d’autres clients, dont Home Hardware. Mais cela n’a pas suffi à combler le manque à gagner lié à la perte de RONA, affirme le président de la société, qui vend également des cadres de portes et des plafonds suspendus.

En 2011, RONA achetait pour 25,3 millions $ en marchandis­es de Boulanger, alors que le chiffre d’affaires de l’entreprise avoisine les 40 millions $.

Déjà, au cours des dernières années, Boulanger avait procédé à un plan de redresseme­nt qui prévoyait la fermeture ou la fusion de certaines usines, dit M. Boulanger. Près de 100 licencieme­nts avaient découlé de ces mesures.

« C’est pas facile. On le fait parce qu’on n’a plus le choix », dit M. Boulanger. Cette fermeture et le licencieme­nt « pourraient être renversés » si l’entreprise parvenait à s’entendre avec ses créanciers. Mais cela a été impossible jusqu’à maintenant.

COUP DUR

Il s’agit d’un coup dur pour l’industrie de la constructi­on au Québec. La nouvelle n’a toutefois pas étonné Robert Dutton, l’ex-pdg de RONA, qui qualifie Roland Boulanger & Cie de « partenaire de premier rang » de RONA, avant son rachat.

« On l’a toujours dit, les premiers affectés [par la vente à Lowe’s] seraient les fournisseu­rs. On en a l’exemple ici », a-t-il déploré.

« C’est majeur, c’est un fleuron de notre industrie qui disparaît. C’est un triste jour», a quant à lui commenté le président et chef de la direction de l’associatio­n québécoise de la quincaille­rie et des matériaux de constructi­on (AQMAT), Richard Darveau.

« C’est indissocia­ble [de la vente à Lowe’s], ils ne sont jamais parvenus à se relever de ça », a dit M. Darveau.

Le ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon, s’est lui aussi dit attristé de l’annonce. Le gouverneme­nt avait offert une aide d’urgence à l’entreprise, mais celle-ci l’a rejetée, en jugeant les conditions inacceptab­les. Investisse­ment Québec figure parmi les créanciers de l’entreprise.

Maire de Warwick, Diego Scalzo se console dans le fait que des 130 employés, plusieurs approchaie­nt l’âge de la retraite. Les autres devraient parvenir à se trouver rapidement un emploi dans le contexte de pénurie de main-d’oeuvre actuel, dit-il.

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 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE ?? Jusqu’en 2017, l’entreprise familiale dirigée par Alexis Boulanger comptait RONA comme principal client. Celui-ci achetait pour pas moins de 25,3 millions $ en marchandis­e en 2011. Sur la photo, Alexis Boulanger, président de l’entreprise Roland Boulanger.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE Jusqu’en 2017, l’entreprise familiale dirigée par Alexis Boulanger comptait RONA comme principal client. Celui-ci achetait pour pas moins de 25,3 millions $ en marchandis­e en 2011. Sur la photo, Alexis Boulanger, président de l’entreprise Roland Boulanger.

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