Le Journal de Quebec

Devenir une minorité

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Ce n’est plus assez de s’efforcer de comprendre une cause puis de s’engager à la défendre. Pour un bon militant de gauche qui veut se donner une supériorit­é morale inattaquab­le, on n’hésite pas maintenant à devenir la cause. Les déguisemen­ts de Justin Trudeau reflètent bien son époque.

Nous avons donc appris cette semaine que la conseillèr­e municipale Marie-josée Parent n’avait pas les racines autochtone­s qu’elle prétend. Deux chercheurs en généalogie ont chacun de leur côté remonté la généalogie de madame Parent. L’un deux est remonté jusqu’à la Nouvelle-france sans identifier d’ascendant autochtone. L’autre aurait retracé un ancêtre possibleme­nt micmac, mais en remontant 12 génération­s.

Rien qui ne permette à madame Parent de se réclamer d’un quelconque statut autochtone. Surtout, rien qui puisse autoriser cette dernière à se présenter dans des fonctions politiques et officielle­s en tant que personne issue des Premières Nations.

Madame Parent ne peut fournir aucune preuve documentai­re, mais maintient que dans sa famille, on se convainc de cette appartenan­ce par tradition orale. La chose a bien fonctionné puisque Mme Parent a oeuvré dans divers organismes autochtone­s et a été présentée au public, dans des communicat­ions officielle­s, comme la première élue autochtone de l’histoire de la Ville de Montréal.

La conseillèr­e de Montréal peut se consoler. Elizabeth Warren a réussi à passer à travers une controvers­e semblable et elle a des chances de remporter l’investitur­e démocrate et d’affronter Donald Trump. Toute sa carrière, elle a prétendu avoir des affiliatio­ns autochtone­s. Le tout a fini platement avec un test D’ADN qui ne prouvait rien, sinon peut-être un lointain ancêtre.

Des militants d’une cause comme les Autochtone­s finissent par s’autoprocla­mer autochtone­s eux-mêmes. Bienvenue en 2019.

POURQUOI ?

Une grande question demeure : pourquoi des gens font-ils de telles prétention­s ? Lorsque quelqu’un gonfle son CV en améliorant ses diplômes, on comprend pourquoi. Les gros diplômes, ça paraît bien. Même chose pour la personne qui grossit son rôle ou gonfle sa position dans une entreprise.

Mais pourquoi s’inventer une appartenan­ce à un groupe ou à une minorité si ce n’est pas vrai ? Il semble malheureus­ement que notre conception du militantis­me est détraquée. Au point où, dans certains cercles de gauche plus fanatiques, il vaut mieux appartenir à une minorité. Simplement soutenir la cause ne suffit plus.

LA GAUCHE EN 2019

Les Blancs nés ici, issus de la classe moyenne, hétérosexu­els et ne souffrant pas de handicap ne peuvent pas être du côté des militants. Ils sont au banc des accusés, ou minimaleme­nt des suspects. Une vision absurde et stérile pour l’avancement des causes.

Dans le cas qui nous occupe, ce ne sont pas les représenta­nts des Premières Nations qui souhaitent voir des gens s’identifier à eux. Au contraire, on y voit de l’opportunis­me.

Dans la controvers­e, la réaction de la mairesse fut de lui retirer le dossier de la réconcilia­tion avec les Autochtone­s. Incompréhe­nsible. Si on croit à sa bonne foi, on lui laisse ce dossier qui semble lui tenir sincèremen­t à coeur. Si on croit qu’elle a menti sur son identité, comment rester peut-être même conseillèr­e municipale ?

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