Du fentanyl d’ici aux États-unis
L’extradition d’un Québécois qui aurait trafiqué à partir de sa cellule demandée
Un trafiquant québécois qui aurait écoulé du fentanyl partout en Amérique du Nord à partir du pénitencier où il est détenu fait maintenant face à l’extradition aux États-unis, pour y avoir vendu sa drogue jusque dans des prisons.
« Le fentanyl et ses dérivés distribués par Jason Berry et son organisation ont causé des morts et des blessés aux ÉtatsUnis, au Canada et dans d’autres pays », peut-on lire dans la demande d’extradition récemment déposée au palais de justice de Montréal.
Berry, 36 ans, est le trafiquant de drogue à l’origine de la toute première saisie de fentanyl au Québec, en 2013.
À l’époque, cette drogue 40 fois plus puissante que l’héroïne était encore méconnue des policiers à la suite de la saisie, si bien que la voûte de la police avait dû être mise en quarantaine. Depuis, des milliers de personnes sont mortes au Canada à la suite de surdoses liées à cette drogue.
Berry avait écopé de 12 ans de détention, mais son incarcération au pénitencier de Drummondville, ne l’a pas empêché de continuer son trafic, selon les autorités américaines.
FOURNISSEUR CHINOIS
« Durant son incarcération, il a travaillé avec un autre détenu pour acheter du fentanyl et ses dérivés de sources en Chine, qu’il revendait sous diverses formes », peut-on lire dans le document de cour.
Le trafiquant utilisait un cellulaire de contrebande avec une connexion internet, ce qui lui permettait de donner des ordres de sa cellule, et même de prendre lui-même les commandes de drogue.
« Il utilisait plusieurs alias et s’affichait tant sur le net que sur le dark net », affirment les autorités américaines, tout en ajoutant que Berry aurait formé d’autres détenus pour l’aider dans son trafic.
Berry faisait payer les clients par transfert de fonds ou en cryptomonnaie, mais il lui arrivait également d’envoyer des « échantillons gratuits », selon les Américains.
Il aurait aussi fait du trafic de faux fentanyl, afin de se remplir les poches et ainsi acheter à l’aide de bitcoins encore plus de stock auprès de ses fournisseurs chinois.
RÉSEAU BIEN RODÉ
Et selon les agents de la puissante Homeland Security américaine, le réseau de Berry était tellement bien rodé qu’il livrait même dans des prisons américaines.
« En 2015, une femme a été arrêtée pour avoir fait entrer du fentanyl acheté de Berry dans une prison de l’oregon, expliquent les autorités. Quelques jours plus tard, des détenus ont commencé à faire des overdoses de fentanyl. L’un est mort, trois autres ont été sérieusement blessés. »
Les autorités américaines ont recensé au moins une autre mort causée par une overdose de fentanyl vendu par le groupe de Berry, mais ils soupçonnent que le nombre pourrait être bien plus élevé.
Berry, qui est présentement détenu, devrait revenir à la cour la semaine prochaine, pour la suite des procédures d’extradition.