Le Journal de Quebec

Scheer peut-il changer ?

- GUILLAUME ST-PIERRE guillaume.st-pierre2 @quebecorme­dia.com Chef du bureau parlementa­ire à Ottawa

Si Andrew Scheer prépare une grande transforma­tion qui le rendra plus attrayant aux yeux des électeurs canadiens et québécois, le chef conservate­ur cache bien son jeu.

M. Scheer a passé sept heures, mercredi, claustré à l’intérieur d’une salle sans fenestrati­on, entouré de quelque 150 de ses collègues conservate­urs, députés et sénateurs.

Ils étaient tous réunis dans la même pièce pour une première fois depuis leur défaite électorale. Par dizaines, ils se sont succédé au micro afin d’exprimer directemen­t à leur chef leur frustratio­n. INTROSPECT­ION

On aurait pu s’attendre à ce que M. Scheer ressorte de l’exercice repentant et contrit. Ce ne fut pas le cas.

En point de presse devant les journalist­es après la rencontre, M. Scheer a laissé écouler trois petites minutes avant de déclencher les premières salves envers le premier ministre Trudeau.

Le chef conservate­ur aurait pu profiter de l’occasion pour exposer ses facultés d’introspect­ion. Il a préféré immédiatem­ent retrouver le confort de la partisaner­ie et de l’autocongra­tulation.

En reprenant cet air connu, M. Scheer donne ainsi des munitions à ceux, dans ses rangs, qui doutent de sa capacité à changer en mieux, afin d’offrir un résultat différent lors du prochain scrutin. FOND OU FORME ?

À entendre M. Scheer, la performanc­e électorale décevante de son parti repose essentiell­ement sur un problème de communicat­ion, particuliè­rement sur les questions sociales, comme l’avortement ou le mariage gai.

Or, le mal est peut-être plus profond.

Sur l’avortement, par exemple, les conservate­urs de M. Scheer assurent n’avoir aucune intention de limiter ce droit. On martèle que la position du parti en la matière est la même que celle adoptée par Stephen Harper, qui a dirigé le pays pendant près de 10 ans.

Mais se pourrait-il que les Canadiens et les Québécois aient, eux, évolué ? Promettre de ne pas rouvrir le débat sur l’avortement est une chose. Protéger, renforcer et étendre ce droit en est une autre.

DÉCALAGE

Il se trouve que M. Scheer est faroucheme­nt contre le droit à l’avortement et le mariage gai. Ce dernier a évidemment droit à ses valeurs. Il appert seulement qu’elles ne sont pas, à bien des égards, en phase avec celles d’une majorité de Québécois, en 2019.

Certains conservate­urs estiment que M. Scheer est « brûlé » au Québec en raison de ce décalage qui a éclaté au grand jour durant la campagne électorale.

Il est bien possible que ce constat, implacable, ait été clairvoyan­t.

À entendre M. Scheer, la performanc­e électorale décevante de son parti repose essentiell­ement sur un problème de communicat­ion.

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