Un diplomate alarmé bien avant le scandale sur l’affaire ukrainienne
Il témoigne des pressions faites pour que Kiev enquête sur Joe Biden et son fils
WASHINGTON | (AFP) Inquiet des pressions exercées pour que Kiev enquête sur un rival de Donald Trump, un diplomate américain avait alerté ses supérieurs dès la mi-août, bien avant que n’explose au grand jour l’affaire ukrainienne qui vaut au président des ÉtatsUnis d’être visé par une procédure de destitution.
Cette révélation figure dans la copie, rendue publique hier, du témoignage au Congrès de George Kent, un responsable du département d’état responsable de l’ukraine, réalisé à huis clos le 15 octobre.
Ce diplomate a confirmé aux élus que l’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, avait mené pendant des mois une campagne pour demander à Kiev d’enquêter sur Joe Biden, bien placé pour être le candidat des démocrates lors de la présidentielle de 2020.
Pendant l’été, des diplomates officiellement responsables du dossier, dont le représentant spécial pour l’ukraine Kurt Volker, ont souhaité faire une place à M. Giuliani à leurs côtés pour des raisons « tactiques », a-t-il ajouté.
À DES « FINS POLITIQUES »
« Il était clair que l’ancien maire de New York avait de l’influence sur le président au sujet de l’ukraine », a déclaré M. Kent. Mais « cela m’inquiétait sur un plan stratégique, a-t-il poursuivi. Demander à un autre pays de lancer des poursuites à des fins politiques affaiblit notre défense de l’état de droit. »
« Le 15 ou le 16 août », après avoir appris que M. Volker avait transmis à un collaborateur du président ukrainien « l’intérêt du président [Trump] et de son avocat pour l’ouverture d’une enquête », George Kent a inscrit ses « inquiétudes » dans une note, qu’il a immédiatement transmise à un responsable du département d’état.
Quelques jours plus tôt, un membre de la communauté du renseignement avait fait de même de son côté, activant la procédure protégeant les lanceurs d’alerte. Il s’était alarmé de la teneur d’un échange téléphonique, le 25 juillet, entre Donald Trump et son homologue Volodymyr Zelensky, au cours duquel le milliardaire républicain avait demandé à son interlocuteur de « se pencher » sur le cas de Joe Biden.
La révélation de ce signalement, en septembre, a décidé les démocrates à ouvrir une enquête officielle à la Chambre des représentants qu’ils contrôlent, en vue d’une mise en accusation ( impeachment) du président.
AUTRE TÉMOIGNAGE
Par ailleurs, hier, les parlementaires ont entendu à huis clos une conseillère du vice-président américain Mike Pence, qui avait écouté en direct l’appel téléphonique entre MM. Trump et Zelensky.
Jennifer Williams, premier témoin employé par les services de Mike Pence à accepter la convocation des démocrates, a confirmé que cet échange était « inhabituel » et très « politique », a rapporté CNN.