La réforme du PEQ basée sur une vieille liste
Des données sur les besoins de main-d’oeuvre en 2017
Le ministre de l’immigration, Simon Jolin-barrette, a utilisé une liste de professions en pénurie vieille de deux ans pour établir ses nouveaux critères controversés du Programme de l’expérience québécoise (PEQ).
« La liste utilisée est en retard de presque deux ans », a soutenu au Journal le v.-p., politiques de développement de la maind’oeuvre au Conseil du patronat du Québec (CPQ), Denis Hamel.
Il note que la nouvelle liste des professions en pénurie utilisée par Québec pour le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) vient du document du ministère du Travail État d’équilibre du marché du travail : diagnostic pour 500 professions.
Le hic, c’est que ce document publié l’an dernier s’appuie sur des données d’emploi… de 2017, toujours selon le v.-p. du CPQ.
Par conséquent, les nouvelles règles du PEQ du 1er novembre dernier, qui ont provoqué la colère des étudiants et des travailleurs étrangers, ne cibleraient pas les métiers en pénurie en ce moment, mais bien ceux qui l’étaient il y a bientôt deux ans.
« À la défense d’emploi-québec, ils n’ont pas fait ça dans l’idée d’avoir une liste qui va déterminer si on garde nos étudiants étrangers ou autres, mais pour faire un portrait », a précisé M. Hamel, en refusant de lancer la pierre aux fonctionnaires qui ne se doutaient pas que leur travail allait être repris.
LE CABINET CONFIRME
Joint par Le Journal, le cabinet du ministre de l’immigration a confirmé hier qu’il s’était basé sur ce document de 2018 pour déterminer les secteurs en pénurie dans la province.
« Oui. Cette liste est établie rigoureusement en fonction des besoins de maind’oeuvre pour chaque région du Québec », a confirmé son attaché de presse, Marc-andré Gosselin.
Questionnée à ce sujet, la PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) Véronique Proulx a déploré la confusion gouvernementale dans ce dossier.
« La liste des 500 [professions] n’est pas une prospective vers le futur. C’est là où il y a une espèce de confusion », a-t-elle dit.
Pour sa part, le directeur principal de la recherche nationale à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Simon Gaudreault, a aussi insisté sur l’importance d’avoir des listes à jour.
« Si l’on utilise des chiffres d’il y a deux ans, à la vitesse à laquelle la situation évolue sur le terrain, c’est sûr qu’il va falloir s’ajuster », a-t-il confié.
Rappelons que Statistique Canada fournit des chiffres portant sur les professions en pénurie tous les trois mois.