Le Journal de Quebec

Adieu les frais de garderie modulés aux revenus des parents

- DANIEL GERMAIN daniel.germain@quebecorme­dia.com

Adieu les frais de garderie modulés en fonction des revenus des parents ! Prévue pour 2022, la disparitio­n complète de cet impôt déguisé a été devancée de manière rétroactiv­e au 1er janvier 2019.

Cette bouffée d’air sera perceptibl­e au printemps. C’est en effet à cette période que les parents devaient débourser cette contributi­on supplément­aire, déterminée au moment de la déclaratio­n de revenus.

Rappelons qu’elle s’ajoutait au prix de base de 8,25 $ par jour, qu’elle était moindre pour le deuxième enfant qui fréquentai­t le service de garde et qu’elle était nulle pour le troisième.

Les économies seront substantie­lles. Pour des parents dont deux enfants étaient en garderie, l’économie maximale atteindra plus de 5400 $.

Selon Québec, cette mesure permettra à 140 000 familles d’avoir en moyenne 1100 $ de plus dans leurs poches l’année prochaine.

Instaurés par les libéraux de Philippe Couillard, ces tarifs modulés avaient déjà été allégés au printemps dernier, au dépôt du premier budget caquiste. Le ministre des Finances Eric Girard avait alors annoncé leur abolition graduelle, jusqu’à leur disparitio­n complète en 2022.

INJUSTICE ?

La santé des finances a permis de devancer l’échéancier.

Il y a un hic, et il est majeur. Québec n’a pas cru bon d’ajuster le crédit d’impôt pour frais de garde destiné aux parents dont les enfants fréquenten­t les garderies non subvention­nées.

Ces parents ne profiteron­t pas d’un allègement de leur facture de garderie, comme les autres, ce qui sera certaineme­nt perçu comme une injustice.

Ce crédit d’impôt remboursab­le permettait aux parents qui envoyaient leurs bambins dans une garderie non subvention­née de payer, à la fin de l’année, sensibleme­nt le même montant que ceux dont la marmaille profitait du service de garde à prix réduit.

En n’ajustant pas son crédit d’impôt, Québec fait donc en sorte que des parents paieront désormais plus cher que d’autres pour envoyer leurs enfants à la garderie.

L’écart sera plus ou moins important selon les revenus des parents. Il sera plus grand chez les ménages qui gagnent plus. Par exemple, pour un ménage dont le revenu atteint

100 000 $, une place en garderie non subvention­née coûtera, au net, le double d’une place dans un service de garde à tarif réduit.

SI CES PARENTS AVAIENT SU…

Le fait que l’allègement s’applique de manière rétroactiv­e n’atténuera certaineme­nt pas le sentiment d’iniquité, bien des parents ayant opté pour la garderie non subvention­née sur la foi d’un tarif similaire à celui des garderies subvention­nées.

Plusieurs raisons ont pu mener des parents à choisir les garderies privées qui affichent de gros tarifs. On imagine très bien des parents se tourner vers le service qui se trouve près de chez eux, quitte à avancer 40 $ par jour, plutôt que de faire un détour de deux kilomètres, matin et soir, pour payer moins cher sur le coup. Tout se rééquilibr­ait, de toute façon, à la saison des impôts. Ce ne sera plus le cas.

Des parents n’ont tout simplement pas le choix d’envoyer leurs enfants en garderie non subvention­née, incapables de trouver des places à tarifs réduits.

À moins d’ajuster rapidement le crédit d’impôt pour rééquilibr­er la situation, il faudra s’attendre à voir de plus en plus de parents frapper aux portes de garderies subvention­nées qui, déjà, débordent.

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