Le Journal de Quebec

Puissant et déchirant

Sophie Deraspe signe un film coup de poing

- MAXIME DEMERS

La cinéaste Sophie Deraspe a risqué gros en osant réaliser une version moderne de la tragédie grecque de Sophocle. Mais son audace a payé : son Antigone est un drame puissant et déchirant, marqué par une performanc­e électrisan­te de la jeune actrice Nahéma Ricci.

Choisi pour représente­r le Canada dans la course pour l’oscar du meilleur film internatio­nal, Antigone arrive enfin sur nos écrans, précédé d’une rumeur très favorable.

Ce 4e long métrage de Sophie Deraspe ( Les loups, Les signes vitaux) a brillé récemment dans plusieurs festivals internatio­naux, dont celui de Toronto, où il a reçu le prix du meilleur long métrage canadien.

Et force est de constater qu’il mérite tous les éloges qu’il reçoit depuis des semaines.

Dans cette adaptation contempora­ine du classique de Sophocle, Antigone (Nahéma Ricci) est une adolescent­e québécoise qui a quitté son pays d’origine, l’algérie, pour fuir la guerre civile quand elle était petite.

Elle vit désormais dans un appartemen­t de Montréal avec sa grand-mère, sa soeur et ses deux frères.

Mais son existence est chamboulée le jour où son frère aîné, Étéocle, est victime d’une bavure policière. Arrêté pour avoir bousculé un policier, son autre frère, Polynice, est aussitôt envoyé en prison et menacé d’extraditio­n.

Pour venir en aide au seul frère qu’il lui reste, Antigone décide de planifier son évasion et de confronter seule les autorités, par amour pour sa famille.

RÉALISME PERCUTANT

Sophie Deraspe s’est librement inspirée de l’affaire Fredy Villanueva pour transposer la tragédie de Sophocle dans le Québec d’aujourd’hui.

Il en résulte un drame poignant qui aborde avec un réalisme percutant plusieurs sujets brûlants d’actualité (dont l’immigratio­n), tout en soulevant des questions cruciales sur la notion de sacrifice, la loyauté familiale et la désobéissa­nce civile.

Deraspe signe une mise en scène inspirée et ambitieuse, n’hésitant pas à aller à fond dans l’émotion. Le récit est raconté de façon habile et efficace, même si le film se termine un peu en queue de poisson.

Dans la peau d’antigone, la jeune actrice Nahéma Ricci est une révélation. À son premier grand rôle au cinéma, elle crève l’écran par son regard perçant, son intensité et son magnétisme. Sa performanc­e magistrale vaut à elle seule le détour. À voir.

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PHOTO COURTOISIE MAISON 4 : 3 L’actrice Nahéma Ricci dans une scène du film Antigone de Sophie Deraspe.

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