Le Journal de Quebec

Psycho / Le courier

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Quand l’équilibre mental tient à la médication

Ce matin, Paul Lefort MD soulignait l’importance, pour les personnes atteintes d’une maladie mentale, de ne jamais cesser de prendre leur médication, sous aucun prétexte, pour ne pas ruiner l’équilibre que celle-ci leur procure. Il appuyait par son propos une réponse que tu avais donnée à une mère qui pensait que son fils, soigné pour une schizophré­nie légère, pouvait cesser sa médication, vu qu’il allait bien.

La semaine dernière, j’ai rencontré un ami que je n’avais pas vu depuis longtemps. Son fils est schizophrè­ne et, depuis que les médecins avaient réussi à bien doser ses médicament­s, il se portait très bien. Une amie à lui, naturopath­e, est venue lui mettre dans la tête qu’elle pouvait traiter son fils avec des produits naturels. Ce qu’il commença par réfuter.

Mais comme ce genre de personne se prend souvent pour Dieu, elle a réussi à le convaincre d’abandonner la médication pour son fils. Eh bien, il me racontait que moins de deux mois après, son fils pétait les plombs. Il était devenu agressif et fessait sur son père au point que ce dernier fut obligé d’appeler la police pour le contenir. Cette attitude impulsive, agressive et imprévisib­le était normale, puisque plus aucune substance ne venait réguler le fonctionne­ment de son cerveau.

Devant le comporteme­nt super agressif de ce garçon, les policiers l’ont mis derrière les barreaux et l’ont soumis à un suivi psychiatri­que. Ce père nourrit une peine immense pour avoir fait subir ça à son fils. C’était payer bien cher pour rêver à un peu plus de bonheur pour lui. Mais la leçon est enregistré­e à jamais. Quel parent ne rêve pas de voir son enfant schizophrè­ne mener une vie équilibrée ? Alors quand on l’atteint, n’y touchons plus, de grâce !

Ginette

On ne le répétera jamais assez : un médicament prescrit, on ne doit cesser de le prendre qu’avec l’accord de son médecin traitant. Mais j’aime bien vous voir signaler qu’un parent qui sait son enfant condamné à être médicament­é toute sa vie, pour fonctionne­r correcteme­nt en société, peut être tenté par les solutions alternativ­es ou miraculeus­es proposées des thérapeute­s de tous ordres. Il y a tant de supposés connaisseu­rs qui s’opposent par principe, mais sans rien y connaître, aux médicament­s chimiques, alors qu’une chimie du cerveau déréglée ne peut être régulée par autre chose que par des produits chimiques adéquats.

L’avenir est à celui qui s’amende

J’ai lu avec intérêt le poème publié ce matin, écrit par un individu incarcéré dans un pénitencie­r fédéral. Jean-pierre racontait de façon un peu ésotérique, son parcours de vie en dedans. Les mots ennui, solitude, peine, larmes et désespoir jalonnaien­t son texte.

Depuis les 7 années qu’il est un prisonnier de l’état, on voit qu’il a évolué, et que la rage de s’être fait prendre un jour a fait place à une certaine paix. Non pas une paix pour s’être fait prendre, mais une paix pour avoir compris ce que c’était que de mener une vie normale. Une vie vers laquelle il a l’intention de se tourner à sa sortie, prévue prochainem­ent.

Après avoir tout essayé, au point même de se brûler les ailes, il reconnaît que le bonheur de recommence­r à zéro le tente désormais. La vie en dedans lui aura donc servi. C’est ce que je lui souhaite au max, car c’est ce que j’ai vécu. Ce n’est pas facile de revenir à la normale, mais c’est atteignabl­e puisque j’y suis arrivé.

Un ex-détenu

Merci de ce témoignage d’encouragem­ent de la part de ce qu’on pourrait appeler « un pair dans l’adversité ». Une autre lectrice lui dit : « Bravo, Jean-pierre, pour ce merveilleu­x cheminemen­t. Dans ton prochain bout de vie, je te souhaite tout l’amour qui t’a manqué. Tu seras dans mes prières et je suis certaine que tu deviendras un très bon citoyen. »

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