Le Journal de Quebec

Débat lancé pour élargir l’aide médicale à mourir

Les personnes inaptes pourraient y avoir accès

- PATRICK BELLEROSE

Le gouverneme­nt du Québec tiendra une consultati­on qui mènera à l’élargissem­ent de l’aide médicale à mourir. Du même souffle, François Legault a confié qu’il préférerai­t que l’on « s’acharne » sur lui parce qu’il « aime la vie ».

La ministre de la Santé, Danielle Mccann, a rendu public hier un rapport d’experts sur la possibilit­é d’élargir l’accès à l’aide médicale à mourir (AMM) aux personnes inaptes au moment de la réclamer, comme celles souffrant d’alzheimer.

La ministre était accompagné­e d’élus des trois autres formations politiques représenté­es à l’assemblée nationale.

Québec doit maintenant tenir une vaste consultati­on publique avant d’aller de l’avant, un peu à la manière de la tournée « Mourir dans la dignité ».

« Nous entendons le cri du coeur de nombreux Québécois qui souffrent et qui réclament un élargissem­ent », a déclaré Mme Mccann en conférence de presse.

DES CONDITIONS

Le rapport codirigé par Jocelyn Maclure et Nicole Fillion recommande la création d’une demande anticipée D’AMM.

Toutefois, celle-ci serait offerte uniquement après qu’une personne ait reçu un diagnostic de maladie grave et incurable pendant qu’elle était toujours apte.

Avec cette condition, les experts veulent s’assurer que la demande soit relativeme­nt récente au moment d’administre­r le soin de dernier recours. « Lorsqu’on a un diagnostic, on sait quelle sera la maladie avec laquelle on va devoir vivre, on en apprend sur la maladie et son évolution », fait valoir M. Maclure.

Un tiers, souvent un proche, serait également désigné pour faire connaître l’existence de la demande anticipée D’AMM et en expliquer le sens au nom du malade.

Toutefois, le médecin traitant aurait le dernier mot quand viendrait le moment de choisir le moment d’administre­r l’aide de dernier recours.

LE GOUVERNEME­NT EN FAVEUR

« On est en faveur de l’élargissem­ent de l’aide médicale à mourir », a réitéré le premier ministre François Legault quelques minutes avant la période des questions. […] On va le faire correcteme­nt, comme ça a été fait dans le passé. Mais, oui, je sens dans la population que les gens voudraient qu’on élargisse. »

Toutefois, « il faut s’assurer que ce n’est pas par dépit, parce qu’ils n’ont pas les services, tous les services qu’ils devraient avoir en fin de vie. »

Questionné par un journalist­e à savoir s’il pourrait un jour avoir recours à l’aide médicale à mourir, M. Legault a répliqué : « Moi, j’aime la vie. Alors, je voudrais qu’on s’acharne un peu ».

DÉBAT À VENIR

Pour la marraine de la loi sur l’aide médicale à mourir, Véronique Hivon, « l’enjeu va se situer autour de la complexité dans l’applicatio­n d’une telle ouverture ».

Par exemple, la députée péquiste croit qu’un débat devra avoir lieu autour de la possibilit­é de rendre la demande anticipée « exécutoire », contrairem­ent à la recommanda­tion du groupe d’experts.

Une telle mesure aurait l’avantage de « rassurer les gens » qui souhaitent obtenir cette aide de dernier recours.

 ?? PHOTO SIMON CLARK ?? La ministre de la Santé, Danielle Mccann ( 2e sur la photo), a rendu public hier un rapport d’experts sur la possibilit­é d’élargir l’accès à l’aide médicale à mourir. Elle était accompagné­e d’élus des partis d’opposition : André Fortin (PLQ), Sol Zanetti (QS) et Véronique Hivon (PQ).
PHOTO SIMON CLARK La ministre de la Santé, Danielle Mccann ( 2e sur la photo), a rendu public hier un rapport d’experts sur la possibilit­é d’élargir l’accès à l’aide médicale à mourir. Elle était accompagné­e d’élus des partis d’opposition : André Fortin (PLQ), Sol Zanetti (QS) et Véronique Hivon (PQ).

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