La télé d’ici menacée par le géant Bell
Québecor sonne l’alarme quant à l’achat de V par BCE
AGENCE QMI | Québecor a réitéré hier son opposition à l’acquisition de la chaîne V par Bell, en plaidant que cette transaction aurait de « lourdes conséquences », notamment sur la qualité générale de la télévision francophone au Québec.
Québecor, propriétaire, entre autres, de Groupe TVA, craint aussi un éclatement du marché publicitaire et une surenchère dans les acquisitions de contenus. Elle réclame un veto du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
L’organisme indépendant doit tenir des audiences publiques sur le sujet, à partir du 12 février, et Québecor a promis de faire valoir son point de vue, qu’elle dit prendre en s’appuyant sur une volonté d’assurer une saine concurrence et d’avoir une industrie pérenne.
« Il est clair que Bell souhaite reconstruire son monopole et dominer le secteur de la télévision, et plus largement, celui des médias au Canada », a soutenu dans un communiqué Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor.
« En affaiblissant les autres joueurs de l’industrie, cette acquisition aura pour effet de fragiliser la qualité de l’information et la diversité des voix qui sont l’assise d’une saine démocratie », a-t-il ajouté, précisant que « nier les lourdes conséquences de cette possible acquisition serait faire preuve de courte vue ».
En juillet dernier, Bell Média a annoncé la conclusion d’une entente avec les actionnaires du Groupe V Média pour l’acquisition de V et de ses actifs numériques, dont le service de vidéo sur demande Noovo.ca.
La transaction, dont les détails financiers n’ont pas été dévoilés, demeure toutefois sujette à des approbations réglementaires habituelles.
REVENUS PUBLICITAIRES
Dans la foulée de l’annonce, Québecor avait demandé sans succès au gouvernement de François Legault d’empêcher l’acquisition, estimant qu’elle placera le géant de télécommunications dans une position encore plus dominante, dont le consommateur fera les frais.
Selon la compagnie, avec V, Bell contrôlerait 42 % des revenus publicitaires totaux au pays et plus de 48 % des revenus publicitaires des télévisions traditionnelles privées canadiennes.
Hier, la présidente et chef de la direction de Groupe TVA et chef du contenu de Québecor Contenu, France Lauzière, a rappelé que le marché télévisuel est fragilisé et dépend des revenus publicitaires pour survivre.
« Si Bell utilise son pouvoir commercial à travers le Canada pour écraser la concurrence au Québec, cela [...] menacera notre capacité à livrer une offre télévisuelle francophone forte », a dit Mme Lauzière.