UNE ANNONCE LIBÉRATRICE
En mai 2013, le magazine sportif Sports Illustrated publie à la une la photo de Jason Collins. Ce moment trace une première. Le puissant centre de 7 pi et 255 lb est le premier professionnel actif à afficher son homosexualité.
Âgé de 34 ans à l’époque, Collins terminait sa saison chez les Celtics de Boston. Il avait livré un vibrant témoignage.
« Personne ne veut vivre dans la peur. J’ai toujours peur des mots. Je ne dors jamais bien. Mais chaque fois que j’annonce mon orientation à quelqu’un, je me sens plus fort et je dors mieux. Il faut une énorme dose d’énergie pour garder ce secret. J’ai enduré la misère en vivant dans le mensonge. J’étais certain que mon monde s’écroulerait si l’on apprenait la vérité. Mais en déclarant mon orientation, je me sens entier pour la première fois. Je n’ai pas changé. Mes amis me supportent toujours. »
Après cette annonce, Collins a évolué chez les Nets à Brooklyn avant de prendre sa retraite. Pionnier sur le continent nord-américain, il a ouvert la voie aux autres, comme Michael Sam au football et Robbie Rogers au soccer.
EFFET D’ENTRAÎNEMENT
« Dans les mouvements sociaux, il suffit qu’une personne s’affiche ouvertement pour créer un effet boule de neige, affirme le docteur Jean-michel Pelletier, psychologue. Les gens acceptent de plus en plus l’homosexualité, malgré des milieux qui demeurent plus rigides.
« Il faut des leaders et des jeunes talentueux qui auront le courage de sortir, enchaîne-t-il. Dans tous les changements de culture, il faut quelqu’un pour lever le drapeau. Il faut des modèles. C’est le gros défi, car il demeure que des cultures n’acceptent toujours pas l’homosexualité. »
Selon lui, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour l’acceptation. C’est d’autant plus vrai selon la géographie. En milieu urbain, le changement opère.
« S’il y a une acceptation en milieu familial, elle sera valorisée en milieu sportif, croit-il. Le défi est de créer des environnements favorisant l’acceptation des différences. Des gens peuvent témoigner que les bénéfices sont plus nombreux d’avoir parlé plutôt que non. Le plus important, c’est de respecter le rythme de la personne. »
À Montréal, le joueur de l’impact David Testo avait annoncé son homosexualité en novembre 2011 sans enfiler à nouveau l’uniforme. Dans son cheminement, il a vécu la pression, la dépression et l’intimidation.
« J’avais brisé mes chaînes. Je ne pouvais plus tenir le secret, confie Testo à propos de son moment de “vulnérabilité”. La seule façon d’aller de l’avant, c’était de l’annoncer publiquement. J’ai vu des bras ouverts. C’était libérateur. »