Le Journal de Quebec

La romancière dans l’univers des insectes

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L’auteure derrière Les yeux jaunes des

crocodiles et ses suites nous revient avec Bed Bug, un roman absolument passionnan­t dans lequel Rose, une jeune biologiste qui fait des recherches sur une luciole prometteus­e pour la médecine, est désemparée face à l’amour qu’elle a pour Léo et celui qu’elle souhaitera­it connaître pour sa mère. Une narration ronde de prose, d’émotions, d’amour et de traumatism­es enfouis. Rencontre avec l’auteure française.

On trouve dans Bed Bug de nombreuses analogies entre les comporteme­nts sexuels des insectes et ceux de vos héroïnes. Comment en êtes-vous arrivée à vous intéresser de si près aux insectes?

Je ne sais pas très bien comment cela est arrivé. J’ai commencé à faire un parallèle entre la reine des abeilles et la mère de Rose, qui construit sa maison avec sa bouche... J’ai trouvé ça drôle et j’ai continué. Rose étant une biologiste qui travaille sur les « insectes médicament­s », cela allait de soi. Et puis, c’était une façon de me moquer des humains, qui se croient si forts, si exceptionn­els, si uniques au monde. Non, non! Les insectes sont parfois plus hauts en couleur que nous.

Plusieurs notions scientifiq­ues sont parfaiteme­nt bien vulgarisée­s dans votre oeuvre. Avez-vous toujours eu des aptitudes pour les sciences?

J’ai toujours été passionnée par la vie des bêtes. Il y a là quelque chose de vaillant, d’irréductib­le, de féroce qui me fascinait, enfant, et qui me fascine toujours. Il n’y a pas de faux-semblant ni de tricherie chez les animaux. Je regarde souvent les documentai­res animaliers à la télé, j’écoute les émissions de radio sur le sujet, je lis des ouvrages sur leurs moeurs. Bref, c’est une sorte de grand livre de géographie et d’histoire naturelle pour moi.

Rose vit de nombreuses émotions difficiles en lien avec sa mère, qui lui a fait subir abandon, rejet, indifféren­ce... Quelle est, selon vous, l’émotion la plus lourde à porter pour un enfant en quête d’amour et de protection de son parent?

Un enfant se construit avec le regard de ses parents. Il dit « Maman, regarde! » avant de faire quelque chose dont il veut être fier et « Maman, t’as vu? » après l’avoir fait. La chose a de la valeur à ses yeux que si la mère la fait exister par son regard. Sinon, l’enfant pense qu’il n’a rien fait de bien. Et sa confiance en lui vacille...

Croyez-vous aux liens transgénér­ationnels et au fait que certains comporteme­nts se répètent dans une famille de génération en génération?

Absolument. J’ai même eu l’idée d’écrire un feuilleton à ce sujet. Il y a des histoires très troublante­s de fonctionne­ments psychiques se répétant de génération en génération. Ce sont souvent des histoires malheureus­es, voire terrifiant­es. C’est très intrigant. Et tant qu’on n’a pas pris conscience du fonctionne­ment psychique, on continue à le transmettr­e de génération en génération.

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Katherine Pancol
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