Le Journal de Quebec

Aucun registre pour protéger les patients

Le Collège des médecins va bientôt diffuser les sanctions d’inconduite sexuelle

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Aucun registre des inconduite­s sexuelles n’existe au Québec pour informer les patients sur les antécédent­s des profession­nels qui ont déjà été condamnés.

« La publicité [des condamnati­ons] devrait être mieux diffusée, ça contribuer­ait à améliorer l’accès à l’informatio­n. Ce sont des décisions publiques, donc ça devrait être facilement accessible », réclame une patiente qui a accusé son médecin de « massages sexuels », en 2014.

Actuelleme­nt, aucun registre provincial n’est mis en place concernant les inconduite­s sexuelles des profession­nels, au même titre que le registre national des délinquant­s sexuels.

La meilleure façon de vérifier les antécédent­s d’un profession­nel est de faire une recherche sur un site de décisions juridiques. Or, ce ne sont pas tous les Québécois qui sont habiles avec ces outils (ou savent qu’ils existent).

Hier, Le Journal révélait que 55 profession­nels ont été trouvés coupables ou sanctionné­s d’inconduite sexuelle par leur ordre depuis juin 2017, soit depuis que la loi prévoit une radiation minimale de cinq ans. Pour dresser un portrait précis, Le Journal a dû passer des dizaines d’heures à compiler ces décisions disciplina­ires.

MEILLEURE TRANSPAREN­CE

Dès février, le Collège des médecins du Québec (CMQ) déposera directemen­t sur son site internet toutes les décisions disciplina­ires rendues depuis le 1er janvier dernier, a appris Le Journal.

Selon nos recherches, il s’agit du premier ordre à implanter ce système.

« Nous vivons dans un monde où la transparen­ce et l’accès à l’informatio­n sont des valeurs importante­s, explique Yves Robert, secrétaire du CMQ. On veut rendre l’informatio­n disponible pour que le public fasse les choix. »

Ainsi, une section bien identifiée sur le site web du Collège permettra aux usagers de prendre connaissan­ce des décisions ou de rechercher le nom d’un médecin directemen­t.

De son côté, l’ontario oblige les ordres à diffuser clairement les informatio­ns des profession­nels reconnus coupables de ces actes.

PRATIQUER EN ATTENDANT

Souvent, une radiation pour inconduite sexuelle signifie l’heure de la retraite pour les profession­nels. Or, certains reviennent en pratique. Et ils ne sont pas tenus d’informer leurs patients de leur passé.

Aussi, certains changent de carrière, mais continuent d’offrir des soins corporels. C’était le cas du travailleu­r social Léo Bernier, qui est devenu massothéra­peute après sa radiation, en 2018. Il avait été condamné par son ordre pour des massages sexuels, et ne pouvait plus travailler auprès des femmes.

Par ailleurs, le délai entre le jugement sur la culpabilit­é et la sanction prend parfois de longs mois. Deux profession­nels coupables peuvent actuelleme­nt continuer à pratiquer en attendant leur radiation. D’autre part, le Dr Steven Monette a récemment été radié 17 mois pour une inconduite sexuelle, après plus d’un an de délibéré alors qu’il pouvait continuer à pratiquer.

À ce sujet, le Dr Robert répond que les délais dans les décisions ne relèvent pas du Collège.

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