Le Journal de Quebec

Il quitte le 9 à 5 pour fabriquer des cuillères

Un partenaria­t père-fils propulse une petite entreprise

- MYRIAM LEFEBVRE

Un trentenair­e originaire de Lévis a quitté sa carrière en marketing et sa vie à Montréal pour se joindre au projet de son père dédié à la fabricatio­n de cuillères musicales en bois d’érable dans son patelin d’origine.

Mathieu Venière-cyr avait l’ambition pure du millénaria­l : la liberté au travail. Son curriculum vitæ lui promettait un avenir reluisant dans un poste de direction d’une grande compagnie.

Alors qu’il s’était démarqué chez Air Canada, L’oréal et Lozeau, il a plutôt voulu aider son père, artisan des cuillères musicales Héritage depuis la fin des années 1990.

« En 2014, mon père a connu une année difficile. J’ai voulu regarder différente­s pistes de solutions avec lui pour qu’il trouve de nouvelles sources de revenus avec les cuillères », a relaté celui qui bossait de soir et à distance sur l’entreprise paternelle à ce moment.

CROISSANCE DE 600 %

C’est deux ans plus tard qu’il a officielle­ment pris le flambeau stratégiqu­e de l’entreprise. La production s’est accélérée dans leur atelier du secteur de Saint-nicolas et le démarchage s’est intensifié dans le Vieux-québec.

« Mon père dit souvent qu’il est le coeur de l’entreprise, et que moi, je suis le cerveau. L’un ne va pas sans l’autre », a-t-il indiqué.

Les deux partenaire­s ne partaient pourtant pas de grand-chose. « On vivait quasiment dans l’atelier. En fait, on dormait là pour pouvoir produire plus et vendre plus parce qu’on n’avait pas beaucoup de sous », a-t-il raconté.

N’ayant jamais bénéficié de marge de crédit ou même de prêt bancaire, les deux partenaire­s n’ont su compter que sur eux-mêmes.

L’artisan, qui avait cinq clients avant que son garçon ne se joigne à lui, peut maintenant en répertorie­r 250, de Saint John’s à Vancouver, et même aux États-unis.

« En 2015, mon père vendait 3000 cuillères par an et cette année, on va en avoir vendu 20 000 », a mentionné celui qui a vu la croissance de son entreprise progresser de 566 %.

Le prix au détail de l’instrument varie entre 23 $ et 50 $, selon son format et sa finition.

LES CUILLÈRES À SATURDAY NIGHT LIVE

Les cuillères musicales Héritage trouvent différents publics, tellement qu’on peut les apercevoir à l’assemblée nationale, à Québec, mais aussi entre les mains du batteur de l’émission Saturday Night Live sur le réseau américain NBC.

« Il vient de m’en commander une douzaine », a rapporté celui qui a même fait des ventes auprès du percussion­niste de Santana.

Souhaitant percer davantage auprès de la clientèle musicale, Mathieu Venière-cyr espère surtout que l’expansion de sa compagnie ne sera pas freinée par le temps.

« Je n’ai peut-être plus de paie qui rentre toutes les deux semaines, mais je suis libre de faire ce que je veux quand je veux. Je n’ai pas d’autres limites que le temps dans ma journée », a-t-il lancé.

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PHOTO COURTOISIE, ANNE-SOPHIE BEAUDOIN Richard Cyr et Mathieu Venière-cyr à leur atelier dans le secteur de Saint-nicolas, à Lévis.

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