Le mythe du génie qui réussit dans tout
La douance est-elle un cadeau du ciel ? Peut-être pas tout le temps ! Enseignantes et mamans d’enfants à haut potentiel, Kim Nunès et Julie Rivard font le point sur la question complexe des jeunes à haut potentiel dans leur nouveau livre, Comprendre la douance. Explication du phénomène par des experts, témoignages, trucs et astuces : leur ouvrage permet de voir clair dans ce phénomène méconnu.
Les enfants à haut potentiel, souvent plus angoissés et sensibles que les autres, ne sont pas toujours les premiers de classe, peut-on apprendre dans ce livre. Ils ne réussissent pas automatiquement dans tout, et ils se sentent souvent incompris.
« Je voulais que ce livre soit écrit d’une amie à une autre, d’une mère à une autre, d’une enseignante à une autre, pour qu’on se sente comprises, réconfortées, et qu’on allume des lanternes », explique Julie Rivard, enseignante spécialiste au primaire et maman de deux garçons TDAH à traits doués.
« On a écrit la bible qu’on aurait aimé découvrir il y a plusieurs années, ajoute-t-elle. Ça nous aurait évité bien des analyses qui ne sont peut-être pas les bonnes, des faux diagnostics de TDAH. On a mis une pointe d’humour ici et là, soit pour dédramatiser des situations qui sont parfois difficiles à la maison, ou pour vulgariser des concepts. »
Réalistes, bien ancrées dans la vie quotidienne, les deux auteures ont vraiment à coeur d’aider les enfants doués à la maison et en classe. Elles partagent des témoignages dans le livre, et présentent les explications et les conseils de plusieurs experts, qui démystifient le phénomène.
« On dit qu’entre 2,3 % à 5 % de la population serait douée, mais les études viennent d’ailleurs [de la France et des États-unis] », précise Kim Nunès, enseignante, auteure et maman d’un garçon surdoué.
« Mais on parle là des gens qu’on a repérés. Il y a des gens doués pour qui c’est plus difficile, mais
[aussi] ceux pour qui ça va super bien, j’imagine qu’on ne les repère pas parce que, dans toutes les sphères de leur vie, ça va très bien », note-t-elle. « Il y a des gens qui apprennent, en consultant, que leurs difficultés relationnelles sont dues aux comportements liés à la douance. »
UN CAUCHEMAR
Au quotidien, la douance peut être un cauchemar pour les enfants et pour les parents.
« Un enfant pour qui tout va bien et qui a besoin d’avancer dans sa scolarité plus rapidement se bute à des problèmes dans la société, parce que notre système scolaire n’est pas fait pour ça », observe Kim.
Elle ajoute qu’il est bien possible que l’élève doué, dans la classe de certains profs, soit en fait l’élève qui est en très grande difficulté. « Il y en a beaucoup qui se font diagnostiquer, à tort, comme TDAH. Au final, on n’arrivera jamais à répondre à son réel besoin, et ça va créer des carences dans certaines sphères de sa vie. »
Elle trouve triste que les doués silencieux, qui effectuent les tâches demandées, mais s’ennuient à mourir en classe, restent invisibles.
« Ceux qui ne bougent pas, qui ne gigotent pas, qui ne dérangent pas, souvent, on ne va pas s’occuper d’eux. Les filles, entre autres, vont avoir le désir de plaire et vont entrer dans le moule, mais à long terme, ça peut créer des problématiques : troubles alimentaires, dépression. Ces enfants silencieux, ce sont eux dont on doit s’occuper : quand ça éclate, ça éclate. »