L’argent avant le coeur chez les Jaguars
Quand les Jaguars ont décidé de ramener Nick Foles dans la mêlée au détriment de Gardner Minshew, ils ont en quelque sorte vendu leur âme. Un faramineux contrat a été privilégié à la poursuite du développement d’un jeune joueur qui avait redonné une âme à une organisation en quête d’identité depuis des années.
Dans une logique économique, il est facile de comprendre le raisonnement des Jaguars. Nick Foles a été attiré en ville durant la saison morte par un contrat lui rapportant 88 millions sur quatre ans, dont plus de 50 millions garantis. S’il était demeuré sur le banc au retour de sa fracture de la clavicule il y a deux semaines, aussi bien dire que les Jaguars auraient jeté beaucoup d’argent dans le poêle.
D’un point de vue football, Foles s’est forgé une réputation enviable grâce à son épopée magistrale en séries il y a deux ans, qui s’est soldée par une triomphale conquête du Super Bowl avec les Eagles. C’est ce mois d’excellence qui lui a valu la confiance des Jaguars quand il s’est retrouvé sur le marché des joueurs autonomes un an plus tard.
Sauf que Foles, dans l’ensemble de sa carrière, à l’exception de son mois de janvier 2018 exceptionnel, n’a pas montré les traits d’un quart-arrière de franchise dominant.
Lorsqu’il a hérité du rôle de partant chez les Eagles, les partisans n’attendaient rien de lui en séries. La pression était à son plus bas niveau et chaque bon coup ne s’avérait qu’un bonus. C’est dans ce contexte qu’il a été à son meilleur.
INJUSTE POUR MINSHEW
Depuis que Foles a repris les clés de l’attaque, l’équipe a été déclassée dans ses deux matchs, ne produisant que 33 points, dont 16 au quatrième quart lorsque la cause était perdue.
Lors des trois premiers quarts face aux Colts, l’offensive n’a généré que 176 verges, avant de profiter au quatrième quart d’une défensive adverse en mode préventif.
Puis, dimanche dernier contre les Titans, Foles n’a pas trouvé la zone des buts.
Avant son retour au jeu, le choix de sixième ronde Gardner Minshew avait pourtant créé une onde de choc à travers la ligue avec son jeu inspiré. Une seule véritable contre-performance, face aux Texans à Londres, a ouvert la porte à ses patrons pour le reléguer au banc. Comme si on n’attendait qu’un tel moment pour redonner le ballon à Foles et ainsi justifier l’investissement.
PLUS QUE DES CHIFFRES
Avant sa déveine, Minshew présentait le quatrième meilleur ratio de passes de touchés versus interceptions (13-4). Il avait aussi amassé 12 premiers jeux grâce à 247 verges par la course, un trait de combattant que ses coéquipiers appréciaient.
D’ailleurs, l’impact du jeune Minshew se mesurait beaucoup plus qu’en chiffres. Malgré son jeu imparfait de recrue, l’équipe s’était ralliée autour de lui, visiblement énergisée par le phénomène populaire qu’il était en train de devenir.
Autant par sa fougue contagieuse sur le terrain que par son charisme naturel, Minshew a su s’imposer comme un chouchou du public de Jacksonville, qui s’amenait joyeusement au stade déguisé à l’image des accoutrements notoires du quart-arrière moustachu, sorti tout droit des années 1970. Le marché de Jacksonville prenait soudain vie, apportait une saveur particulière.
Pourquoi ne pas avoir poursuivi avec la recrue qui apprenait sur le tas en montrant plus de hauts que de bas malgré une fiche de 4-5 ? Parce que l’argent prévaut sur tout autre argument dans la NFL et que tous les jetons au casino ont été misés sur Foles. Ce dernier peut encore se ressaisir et faire taire ses détracteurs, mais quand une recrue joue avec le cran d’un Minshew, on ne regarde pas ailleurs pour assouvir ses fantasmes.