Le Journal de Quebec

Comment forcer nos filles à se parler pour se raccorder ?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’ai 75 ans et je suis la mère de deux filles de 42 et 40 ans.

Mon mari et moi avons toujours fait notre possible pour être équitables envers les deux. Et personnell­ement, j’ai toujours pris soin de ne pas en favoriser une au détriment de l’autre. Sans prétendre avoir été des parents parfaits, je pense qu’on s’est toujours montré à la hauteur de notre tâche.

Malheureus­ement, du point de vue de l’une de nos filles, le résultat est beaucoup moins évident. En effet, la cadette semble être convaincue que son père a toujours favorisé sa soeur, à son détriment. Il est difficile de départager le vrai du faux quand quelqu’un reste campé sur ses positions, comme elle le fait en refusant toute forme de médiation ou d’arbitrage depuis le décès de son père l’an dernier.

Mon mari avait désigné notre aînée comme liquidatri­ce dans son testament puisqu’il souhaitait m’épargner la tâche de régler sa succession. Et il avait raison, car ce fut un processus complexe qui a demandé plus d’une année de travail. Au final, notre cadette s’est sentie lésée par sa soeur et ne s’est pas gênée pour le faire savoir.

Je ne me suis jamais occupée des affaires d’argent parce que ça m’a toujours pué au nez. Je me suis donc sentie soulagée de voir ma plus vieille prendre les rênes de ça, mais ça n’a pas plu à ma cadette. Elle a le sentiment que son père ne l’a pas aimée autant que sa soeur. Et comme son mari pense comme elle et qu’il est juriste en plus, vous voyez ce que ça peut créer comme tremblemen­t de terre.

Je me retrouve dans un culde-sac, Louise, car je ne sais plus comment régler le contentieu­x entre mes filles depuis que la cadette, manipulée par son mari, a décidé de prendre des mesures juridiques pour arriver à ses fins, et cela, alors qu’elle hérite quand même de 100 000 $ légués par son père. Et pendant que ma cadette a choisi la voie légale pour se faire entendre, mon aînée a décidé de se battre elle aussi jusqu’au bout pour prouver son honnêteté à une soeur qu’elle trouve déraisonna­ble dans ses demandes.

Je suis prise en sandwich entre les deux clans. Chacune me demande de prendre parti pour elle, alors que moi, je voudrais juste que la chicane se termine et qu’on en revienne à une vie de famille normale. Qu’est-ce que je devrais faire ? Quand je pense que mon mari a fait ça pour me soulager d’un poids, et qu’à cause de ça, je me retrouve maintenant au coeur d’un conflit qui brise ma famille en deux. Avoir su…

Une mère écartelée

De la façon dont vous me décrivez ce conflit, je pense que vous n’avez d’autre choix que de laisser la justice suivre son cours puisque telle est la volonté de votre fille cadette. Quand des opinions deviennent cristallis­ées comme le sont celles de vos filles, il n’y a plus d’espace pour faire intervenir la raison. Ce sera donc à la justice de déterminer si votre fille aînée a bien ou mal rempli son mandat de liquidatri­ce. S’il a été bien rempli, l’affaire sera close, mais certaineme­nt pas sans conséquenc­e sur le lien entre vos filles, et encore pire s’il a été mal rempli, puisqu’alors votre cadette aura prouvé le bien-fondé de ses soupçons de malversati­on de la part de sa soeur.

Mais, quelle que soit la conclusion de cette opération, vous resterez toujours prise en sandwich entre les deux. C’est pourquoi plus vous vous tiendrez loin des discussion­s entre vos filles et plus vous vous abstiendre­z de donner votre opinion, mieux ce sera. Votre neutralité sera d’autant plus importante, s’il s’avère, ce que vous ne mentionnez pas, que votre mari de son vivant manifestai­t une préférence pour son aînée.

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