Chants, cris et danse pour soulager la souffrance
Un rassemblement pour le 10e anniversaire du séisme a eu lieu hier
« Honneur », « respect », la communauté haïtienne s’est recueillie à la Tohu, hier à Montréal, pour commémorer le 10e anniversaire du séisme qui volé la vie à près de 300 000 personnes.
« J’étais chez-moi [en Haïti] quand la terre a tremblé. J’ai vu le néant. J’ai vu les portes de l’au-delà qui s’ouvraient », se rappelle l’artiste haïtien Bonga.
Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,3 a été enregistré sur l’île.
Au total, 280 000 personnes ont perdu la vie et près de 300 000 autres ont été blessées durant ces événements.
RECONSTRUIRE L’HUMAIN
Hier, une dizaine de dignitaires et d’artistes sont montés sur scène pour parler de souffrance, de peine, de courage, d’entraide mais surtout d’espoir.
L’un de ceux qui a ouvert la cérémonie remonte tranquillement la pente, mais précise qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire.
« Ma personne humaine a été fracassée, choquée et l’artiste que je suis est encore en construction », explique Bonga, 36 ans, établi à Montréal depuis cinq ans.
Tout comme plusieurs survivants dans la salle, Bonga, n’est pas près d’oublier le jour fatidique.
Les bâtiments devaient être détruits pour aller récupérer les corps.
L’homme tente d’aider les enfants haïtiens à avancer et à garder espoir.
« AYIBOBO »
Pendant les deux heures qu’a duré la cérémonie, les participants n’ont cessé de crier « Ayibobo », un mot très significatif pour les Haïtiens qui veut dire « Amen » ou « Entendez-nous ».
Un des moments les plus touchants de l’événement est survenu à 16 h 53 lorsque des survivants ont accompagné une dizaine de dignitaires sur la scène pour rappeler le séisme.
Puis, une vidéo avec des images du tremblement de terre ont été projetée pendant cette minute de « vacarme ».
BOUCHER LES OREILLES
Des survivants ont placé leurs mains sur leurs oreilles pour ne pas entendre les cris de la vidéo et ont baissé la tête pour éviter de voir le séisme qu’ils avaient tous vécus.
À leurs côtés, la députée libérale de Saint-henri–sainteAnne, à Montréal, Dominique Anglade, qui avait livré un hommage à l’assemblée nationale en décembre à la mémoire de son peuple et dont les deux parents sont décédés dans cette tragédie.
Puis, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui s’est adressée à la foule sans texte. « Quand je suis arrivée sur scène, j’ai pris les mots du coeur qui sont parfois les meilleurs », a-t-elle révélé.
En raison du mauvais temps, l’association haïtienne de Québec a été contrainte d’annuler la commémoration du tremblement de terre prévue à l’université Laval. L’événement a été reporté à une date ultérieure.