Le Journal de Quebec

Famille ruinée par la maladie

Des parents de Sept-îles dénoncent l’accès difficile aux soins spécialisé­s en région

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Une famille de Sept-îles, frappée par une rare maladie, vit un « enfer » logistique et financier en raison du manque de ressources médicales spécialisé­es dans leur région, qui la contraint à faire de longs et coûteux déplacemen­ts dans les grands centres.

Dany Richard et Bianka Guérault ont dû multiplier les voyages, principale­ment vers Québec (8 heures de route) et parfois Montréal (11 heures de route), pour faire investigue­r et soigner les multiples bobos familiaux.

En plus de la mère, trois de leurs quatre filles sont atteintes du syndrome de Loeys-dietz, une maladie incurable qui présente de sérieuses complicati­ons : tissus vasculaire­s « tortueux », peau fragile, allergies, laxité articulair­e, migraines, entre autres.

Leur plus vieille en est épargnée, mais souffre du syndrome d’elhers Danlos, qui présente plusieurs similitude­s.

UN « ENFER »

Depuis sept ans, le couple dénombre au moins une dizaine de voyages pour aller voir des spécialist­es dans les grands centres, le plus souvent en voiture.

Au fil des ans, il soutient avoir engouffré des dizaines de milliers de dollars dans ces déplacemen­ts, mais aussi en médicament­s, en produits de pharmacie, en soins dentaires ou encore en pertes de salaire.

Ils disent que leur situation est devenue un « enfer », soutenant par exemple avoir déjà retardé d’importants rendez-vous médicaux à l’extérieur par manque d’argent, malgré certains remboursem­ents offerts par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-nord.

« Il n’y a pas d’équité entre vous et moi », croit Mme Guérault, convaincue que, si elle résidait dans une grande ville, sa famille bénéficier­ait de meilleurs soins. Les médecins locaux ont souvent l’air dépassés par des maladies qu’ils connaissen­t mal, soutient la femme de 38 ans, qui ne travaille pas, mais qui touche une rente d’invalidité.

Le programme de transport et d’hébergemen­t gouverneme­ntal prévoit entre autres des remboursem­ents allant de 50 $ à 70 $ par nuitée à l’hôtel, 4,75 $ par repas, par personne (3,75 $ pour les déjeuners), et 0,29 $ du kilomètre pour les trajets en automobile.

Pour la première fois, le CISSS paiera aux six membres le déplacemen­t en avion lors d’un prochain séjour à Montréal à la fin du mois, mais le couple reste convaincu que ces allocation­s sont loin de refléter le coût réel des voyages. Le remboursem­ent pour l’hôtel, par exemple, leur semble dérisoire.

SOLUTION

Exténuée, la famille réclame une meilleure prise en charge rapidement. « Si la solution, c’est de nous envoyer à Montréal, bien qu’ils nous déménagent là-bas », demande M. Richard, un travailleu­r d’usine.

Pour des raisons de confidenti­alité, le CISSS de la Côte-nord ne commente pas ce cas particulie­r.

« Nous sommes conscients que les programmes actuels peuvent effectivem­ent ne pas permettre de couvrir tous les frais », reconnaît son porte-parole Pascal Paradis, dans un courriel transmis au Journal.

L’écart entre les dépenses et les allocation­s « peut généraleme­nt être considéré comme des frais médicaux admissible­s à une déduction fiscale », précise-t-il.

L’organisati­on soulève également que les programmes de transport et d’hébergemen­t s’appuient sur des directives ministérie­lles.

 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE MARIE-ÈVE FORTIN ?? Bianka Guérault et Dany Richard, des résidents de Sept-îles, se disent épuisés après des années pénibles où ils se sont souvent sentis incompris par le système de santé. Sur la photo, les parents en compagnie de leurs filles, Heidi, Wendy, Naomie et Élodie.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE MARIE-ÈVE FORTIN Bianka Guérault et Dany Richard, des résidents de Sept-îles, se disent épuisés après des années pénibles où ils se sont souvent sentis incompris par le système de santé. Sur la photo, les parents en compagnie de leurs filles, Heidi, Wendy, Naomie et Élodie.
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