Le Journal de Quebec

Les leçons climatique­s de l’australie

- LOÏC TASSÉ Politologu­e, spécialist­e de la Chine et de l’asie loic.tasse@quebecorme­dia.com

Le gouverneme­nt de l’australie est dirigé par des climatosce­ptiques.

Or, depuis trois mois, ce pays est ravagé par les pires feux de son histoire. Environ 100 000 km2 de territoire ont été brûlés. Une trentaine de personnes sont décédées dans les incendies. Des centaines de millions d’animaux sont morts.

Les données sont impitoyabl­es : le climat de l’australie se réchauffe depuis quelques décennies. Ces incendies sont normaux dans ce contexte.

L’australie n’est pas seule à être victime des incendies provoqués par les changement­s climatique­s. Le Brésil, le sud de l’europe et la Californie, pour ne prendre que ces exemples, le sont aussi.

DES SOLUTIONS RISIBLES

Étant donné la gravité de la situation, la réaction du gouverneme­nt australien est risible : il va mettre sur pied une vaste commission d’enquête sur la gestion des feux de forêt et sur l’impact des changement­s climatique­s.

Va-t-il remettre en question ses positions climatosce­ptiques ? Non. Va-t-il revenir sur sa décision de bloquer les efforts internatio­naux de réduction des gaz à effet de serre ? Non plus. Le gouverneme­nt australien continue à pactiser avec les États-unis, le Brésil et l’arabie saoudite.

Une bonne partie de la population australien­ne est pourtant furieuse contre les politiques anti-environnem­entales des dirigeants australien­s. Mais ceux-ci espèrent que les électeurs auront oublié ces incendies d’ici les prochaines élections, dans deux ans. Bonne chance.

Bien entendu, les Australien­s ne peuvent pas régler à eux seuls le problème du réchauffem­ent climatique. Aucun pays ne le peut. Mais il vaut mieux faire partie de la solution que du problème.

Les catastroph­es climatique­s se produisent de plus en plus souvent. Elles devraient nous inciter à prendre des décisions beaucoup plus audacieuse­s. Parce qu’il est évident que les risques de changement climatique­s graves sont de plus en plus nombreux.

QUE FAIRE CHEZ NOUS ?

Chaque gouverneme­nt dans le monde devrait appliquer des mesures actives pour adapter sa société aux bouleverse­ments qui arrivent.

Par exemple, au Québec, les conséquenc­es des événements climatique­s extrêmes seront d’autant plus pénibles que l’étalement urbain s’accentuera.

Il est hallucinan­t d’entendre des gens plaider en faveur de dézonage agricole, alors qu’au contraire, le zonage agricole devrait être renforcé, entre autres en ce qui touche la préservati­on des zones humides.

Une réflexion en profondeur devrait être entreprise sur le développem­ent urbain et sur les normes architectu­rales. Comment encore tolérer la constructi­on de nouveaux centres d’achat qui augmentent les déplacemen­ts ? Pourquoi ne pas imposer une forte taxe de livraison aux entreprise­s qui commercent par internet sans avoir pignon sur rue ? Ces entreprise­s contribuen­t à l’étalement urbain ainsi qu’à la dislocatio­n de la vie de quartier.

Mais par ailleurs, il faut admettre que les architecte­s proposent bien souvent des horreurs architectu­rales. Comment convaincre les gens d’aller habiter avec leur famille dans des condos moches, petits et bruyants, plutôt que de trouver leur compte en banlieue ? Les promoteurs immobilier­s et les architecte­s portent une grande part de responsabi­lité dans l’étalement urbain.

Les changement­s climatique­s exigent des changement­s profonds de nos façons d’occuper le territoire.

Mieux vaut le faire maintenant, de manière planifiée et réfléchie, plutôt qu’un jour d’y être forcé dans la précipitat­ion, comme en Australie.

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Un incendie a ravagé un quartier de Batlow, une ville de Nouvelle-galles du Sud

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