Le Journal de Quebec

L’école à la maison pour un ado analphabèt­e

Le jeune de 15 ans a passé son primaire et deux ans d’école secondaire sans apprendre à lire ou à écrire

- JÉRÉMY BERNIER

Une mère de Saguenay s’est résignée à faire l’école à la maison à son fils de 15 ans atteint de dysphasie, car il n’avait pas appris à lire et à écrire pendant son parcours scolaire.

William Tremblay a été diagnostiq­ué, il y a plusieurs années, du trouble primaire du langage oral, plus communémen­t appelé dysphasie. Ce trouble neuro-développem­ental affecte sa compréhens­ion et son expression d’un message verbal.

Malgré tout, William est parvenu à traverser l’étape de l’école primaire et ses deux premières années au secondaire à l’école régionale Riverside, à Saguenay, avec un bulletin adapté.

REFUS DE DOUBLER

Le hic, c’est qu’il n’a toujours pas appris à lire ni à écrire, après huit ans dans le milieu scolaire et dans une classe régulière, rapporte sa mère, Caroline Boivin.

« J’espérais qu’on le fasse doubler [William] pour qu’il finisse par apprendre. On m’a dit plusieurs fois qu’on refusait de le faire, parce que le groupe qui suivait avait plus d’enfants difficiles, et l’école ne voulait pas lui infliger ça », indique Mme Boivin.

L’an dernier, quelques mois avant qu’il soit retiré de l’école, l’établissem­ent scolaire lui a même fourni un crayon spécial qui pouvait lire les mots à la place du garçon.

Contactée par Le Journal, la Commission scolaire Central Québec, qui compte l’école régionale Riverside dans son réseau, a indiqué ne pas vouloir commenter la situation d’un élève en particulie­r.

Aux dires de Mme Boivin, plus les années passaient, plus l’écart au niveau mental entre William et ses pairs se creusait, même s’il avait le même âge physiqueme­nt. Une situation qui l’a isolé de plus en plus.

Après une opération à la gorge et la longue période de convalesce­nce qui s’est ensuivie, en milieu d’année 2018-2019, tout a basculé.

« Il s’est mis à faire énormément d’anxiété, il a perdu le peu d’amis qu’il avait, et le bruit l’agaçait au plus haut point. J’ai eu peur de le perdre… », laisse entendre la mère, émotive.

PROGRÈS

Cet événement a été la goutte qui a fait déborder le vase pour Mme Boivin. Elle est parvenue à obtenir les services d’une dame envoyée par la commission scolaire pour enseigner à son fils un avant-midi par semaine, jusqu’à la fin de la dernière année scolaire. Cependant, elle a ensuite décidé de l’éduquer elle-même à partir de septembre dernier.

« Ça s’est mis à avancer. Avec une enseignant­e pour lui seul, il a fait beaucoup de progrès ! Mais ce service était offert seulement pour raisons médicales, à la suite de son opération », explique-t-elle.

« Tout ce que je veux, c’est qu’il arrive à être autonome. »

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PHOTO AGENCE QMI, ROGER GAGNON Depuis qu’il étudie à la maison, le jeune William Tremblay fait d’énormes progrès en matière de lecture et d’écriture, soutient sa mère, Caroline Boivin.

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