Prémices d’une désescalade après dix jours de tension
Donald Trump met en garde l’iran sur le sort des manifestants, mais se dit prêt à discuter
TÉHÉRAN | (AFP) L’iran a semblé jouer l’apaisement hier après dix jours de tensions maximales avec les ÉtatsUnis, marquées par des attaques et le crash d’un avion civil ukrainien abattu par « erreur » par les forces armées iraniennes.
Et ce même si l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, a dénoncé la « présence corruptrice » des États-unis au Moyen-orient. Et même si le président américain Donald Trump a maintenu la pression avec une nouvelle mise en garde à l’iran.
À Téhéran, la police antiémeute s’est déployée en masse après un appel à manifester en soirée. La veille, les forces de l’ordre ont dispersé un rassemblement à la mémoire des victimes de la catastrophe aérienne, qui a viré à la manifestation contre les autorités.
Après ses dénégations initiales, l’iran a reconnu samedi que ses forces armées avaient le 8 janvier abattu avec un missile l’avion de la compagnie Ukraine International Airlines, provoquant une vague d’indignation dans le pays. 176 personnes majoritairement des Iraniens et des Canadiens ont péri.
L’iran a souligné qu’au moment du tir, sa défense était sur le qui-vive en vue d’un possible « conflit total » avec les États-unis.
« Excusez-vous, démissionnez », a titré hier le quotidien réformiste Etemad, après que l’iran a admis son erreur. « Impardonnable », a reconnu Iran, le journal du gouvernement.
TÉMOIGNAGE
Hier, le chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique iranienne, le général de division Hossein Salami, a témoigné devant le Parlement sur ce drame et les frappes du 8 janvier contre des cibles militaires américaines en Irak.
Il a tenu au sujet de ces frappes des propos tranchant avec des déclarations martiales antérieures. L’objectif n’était pas « de tuer des soldats ennemis », a-t-il dit.
Dans ce climat hypertendu, l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-thani, dont le pays est allié des États-unis, mais entretient de bonnes relations avec l’iran, a rencontré à Téhéran le président iranien Hassan Rohani et M. Khamenei.
M. Rohani a rencontré également le ministre des Affaires étrangères pakistanais Shah Mehmood Qureshi, dont le pays a proposé ses bons offices pour tenter de rapprocher l’iran et l’arabie saoudite, rival de Téhéran et allié des États-unis.
À Washington, le chef du Pentagone Mark Esper a assuré que Donald Trump était toujours prêt à discuter avec l’iran « sans condition préalable ». Mais fidèle à son habitude de brouiller les cartes, M. Trump a presque au même moment adressé une nouvelle mise en garde « aux leaders d’iran ».
« NE TUEZ PAS VOS MANIFESTANTS », a-t-il tweeté. « Le monde regarde. Plus important, les États-unis regardent. »
TIRS DE ROQUETTES
Huit roquettes, d’origine indéterminée, se sont abattues hier sur une base abritant des soldats américains au nord de Bagdad, sans faire de victime américaine, selon des sources militaires irakiennes. Il y a eu quatre blessés irakiens.
En réaction, le secrétaire d’état américain Mike Pompeo s’est dit « indigné ». « Ces violations répétées de la souveraineté de l’irak par des groupes opposés au gouvernement irakien doivent cesser », a-t-il encore tweeté.