Le Journal de Quebec

Quand l’union fait la force

Des entreprise­s concurrent­es font la paix et se regroupent pour créer Top Glaciers

- STÉPHANE DESJARDINS

Pierre Morin et Bernard Duchesne fabriquent crèmes glacées et sorbets. « Mais on vend avant tout du bonheur ! » affirment-ils.

Quatre ans après sa naissance, Top Glaciers en est à son quatrième agrandisse­ment et a déniché des clients américains et européens, générant ainsi un chiffre d’affaires de quelques millions de dollars.

Les cinq associés ont commencé à discuter quand ils ont réalisé que l’épicier Milano vendait tous leurs produits, mais qu’ils vivaient chacun de graves problèmes de production.

« On allait séparément droit dans un mur, explique Bernard Duchesne. Il nous fallait une usine à la fine pointe de la technologi­e, dotée des meilleures certificat­ions de l’industrie. On a rapidement décidé de se faire confiance. »

Cinq compétiteu­rs qui s’associent, c’est unique au monde dans notre domaine. Bernard Duchesne, qui a revendu Le Commensal à la Fondation Chagnon en 2001, pilotait alors la marque Solo Fruits. Pierre Morin possédait le Bilboquet, dont les comptoirs d’outremont, du Plateau Mont-royal et de Pointe-claire débordent de clients depuis des décennies.

Top Glaciers possède également la vénérable marque Lambert, qui sera relancée au printemps en formule haut de gamme abordable.

FAILLITE DE LAMBERT

Au départ, les associés ont profité de la faillite de Lambert pour en racheter l’équipement. Au fil des ans, l’usine de la rue Saint-urbain (la dernière de l’industrie au Québec), dans Ahuntsic, est passée de 10 000 à 35 000 pieds carrés. Sa capacité a explosé : de 200 à 30 000 litres par jour. Une deuxième chaîne de production vient de démarrer et une troisième est en constructi­on. Ils y ont investi cinq millions.

Top Glaciers a toujours misé sur des produits haut de gamme, de qualité inégalée. Une stratégie qui lui a permis de rafler la production de marques privées étrangères, comme l’américaine Halo Top ou la suédoise Oatly, dont les produits fabriqués par Top Glaciers avec du lait d’avoine sont vendus aux États-unis.

« On travaille très étroitemen­t avec nos clients de marque privée, qui nous considèren­t avant tout comme des partenaire­s de leur succès », commente Pierre Morin.

L’usine respecte notamment de sévères standards bio et casher. Presque tous les fournisseu­rs sont Québécois.

Ce modèle d’affaires permet de financer l’expansion de l’usine et la croissance des marques maison, qui sont vendues chez

Metro et les épiceries spécialisé­es.

Top Glaciers vend aussi ses produits dans des écoles, des hôpitaux, pour le transporte­ur aérien Lufthansa et pour le chocolatie­r franco-belge Jeff de Bruges.

En plus de son comptoir Bilboquet au CUSM, l’entreprise en ouvrira deux au printemps, au Biodôme et au Planétariu­m Rio-tinto. En juin dernier, elle ouvrait une franchise dans un local du boulevard Saint-laurent, voisin de chez Schwartz. Elle s’apprête aussi à lancer la production de barres glacées.

NOUVEAUX MARCHÉS

« Nous offrons une flexibilit­é et une qualité difficile à atteindre chez nos concurrent­s, expliquent Bernard Duchesne et Pierre Morin. Ce qui nous permet de miser sur des segments de marché prometteur­s, comme les produits non laitiers, véganes et bio : les sorbets et les glaces à base de lait de coco ou de soja. Partout dans le monde, les consommate­urs en redemanden­t. Nous pouvons ainsi exporter directemen­t aux États-unis sans barrière tarifaire, contrairem­ent aux produits laitiers, ce qui représente une immense opportunit­é pour nous. »

Top Glaciers affichera cette année son premier profit. De quoi assurer l’expansion déjà planifiée au Canada et à l’internatio­nal…

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PHOTO CHANTAL POIRIER Trois des cinq actionnair­es de Top Glaciers: Jean-pierre Martel, Bernard Duchesne et Pierre Morin, dans leurs locaux montréalai­s.

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