Le Journal de Quebec

La vie est dure sans lui et encore plus avec lui

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je me suis mariée il y a 20 ans alors que j’étais follement amoureuse et que je ne voyais pas que mon amoureux était atteint d’une maladie incurable qui allait nous gâcher un bonheur auquel je croyais avoir droit vu mon enfance difficile dans une famille dysfonctio­nnelle. La façon légère qu’il avait d’aborder les problèmes de la vie me fascinait et masquait le mal-être intérieur qui était le sien.

Quand un diagnostic de bipolarité le concernant nous est tombé sur la tête, nous avions déjà un enfant. Mon mari a pris la chose avec philosophi­e et accepté de se soigner. Mais après trois ans d’un équilibre en dents de scie, il a choisi de cesser la médication complèteme­nt. Je l’ai menacé de partir après un an de ce régime et il a recommencé à se soigner avec plus de sérieux. C’est alors que nous avons décidé d’avoir un deuxième enfant.

Mais il a de nouveau pris le chemin de la délinquanc­e avec sa médication. Au bout d’une autre année en dents de scie et face à un compte en banque désespérém­ent vide, j’ai pris mes deux petits sous le bras et je suis partie vivre chez mes parents qui nous ont accueillis tous les trois.

Mais depuis notre départ qui date d’un an et demi, il n’a pas cessé de me harceler pour que je revienne, en me promettant de ne plus s’organiser pour rechuter. Malheureus­ement, je ne le crois plus. Il a du mal à remonter la pente côté argent, vu que son nouveau travail n’est pas aussi rémunérate­ur que celui d’avant. Mais le pire selon moi, c’est la possibilit­é d’une rechute. Bien qu’il soit dans l’équilibre depuis quelques mois, je soupçonne que ça n’aura rien de permanent comme les autres fois.

Je sais que ses enfants lui manquent et que lui, il manque à nos enfants. Je sais aussi qu’il me manque beaucoup. Mais aurais-je la force de revivre une autre période de crise ? Je sais que je ne peux demander à mes parents de nous garder éternellem­ent, mais comment être sûre de sa déterminat­ion ? Une mère inquiète pour ses petits

J’espère que vous n’attendez pas une réponse de ma part. Comme vous connaissez cet homme mieux que moi, vous devriez être en mesure de mettre vos balises à un éventuel retour à la maison. La première serait qu’il accepte de vous impliquer dans ses rencontres avec son médecin traitant ainsi que dans le processus de soins et de respect d’une hygiène de vie auxquels il devrait accepter de se soumettre. Quand on sait que plein de personnes atteintes de bipolarité parviennen­t à l’équilibre, pourquoi pas lui ?

L’art de donner au suivant s’apprend-il ?

J’ai pris soin de mes vieux parents jusqu’à leur décès. Je me suis toujours imaginé que mes enfants feraient de même pour moi quand le temps serait venu. Eh bien le temps est venu, et ça ne semble pas leur venir à l’esprit que je puisse avoir besoin d’eux. Et quand je me plains à ma fille ou à mon gars de leur désintérêt à mon endroit, ils me balancent dans la face le fait qu’ils sont, soit en pleine ascension profession­nelle (mon fils), ou qu’ils en ont trop sur les bras avec trois enfants (ma fille).

L’ingratitud­e des enfants d’aujourd’hui, confirmée par des amies qui vivent la même chose que moi, est pathétique et indigne d’une société qui se respecte. Dire que je leur ai tout donné dans leur enfance en espérant être payée en retour! Une mère indignée

Pour vous donner un peu de matière à réflexion, vous devriez savoir que personne ne devrait faire les choses dans l’espoir d’avoir un retour d’ascenseur, car c’est bien documenté, c’est la meilleure façon d’être déçu. En deuxième lieu, se pourrait-il que vous ayez tout donné à vos enfants en omettant de leur apprendre les valeurs du partage ?

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