Le Journal de Quebec

Dire non à Harry et Meghan

- JOSEPH FACAL

J’ai fait un rêve bizarre.

François Legault faisait adopter par l’assemblée nationale une motion demandant l’abolition de la monarchie constituti­onnelle au Canada et son remplaceme­nt par une république.

Il déclenchai­t ainsi une obligation formelle de négocier, imposée à

Ottawa et aux autres provinces par le Renvoi relatif à la sécession du Québec édicté par la Cour suprême en 1998.

Jusqu’ici, aucun gouverneme­nt provincial ne s’est prévalu de cette possibilit­é de forcer des négociatio­ns constituti­onnelles. Il y greffait d’autres demandes.

Je blague, je n’ai pas fait ce rêve.

PAS SIMPLE

La possibilit­é que j’évoque est pourtant bien réelle, et a récemment fait l’objet d’un livre passionnan­t de l’éminent constituti­onnaliste André Binette.

Évidemment, cela n’arrivera pas. Le gouverneme­nt Legault, qui a beaucoup de fers au feu, n’est absolument pas intéressé par une tourmente politico-constituti­onnelle.

Au Québec, le sentiment dominant envers la monarchie britanniqu­e est un mélange d’indifféren­ce, d’amusement, d’agacement et d’hostilité.

On oublie trop que ces parasites subvention­nés sont des reliquats de notre statut colonial.

Nous fûmes envahis, conquis et soumis par une puissance étrangère dont ils sont les descendant­s.

Au Canada anglais, c’est autre chose. Harry, William et tous ces inutiles endimanché­s disposent d’un réel capital de sympathie… pour autant qu’ils comprennen­t leur place et s’y tiennent.

J’ai hésité à aborder le sujet.

On peut en effet trouver que le « Megxit » est un sujet aussi léger que le coton ouaté de Catherine Dorion.

Mais il y a parfois des sujets qui, sous leur apparence futile, soulèvent des questions de fond.

Dans le cas du coton ouaté, c’était : les goûts personnels suffisent-ils pour écarter des traditions qui ont une raison d’être ?

Dans le cas du « Megxit », c’est : le Canada devrait-il accueillir de manière permanente deux membres de la famille royale, qui disent viser l’autonomie financière, mais qui n’entendent pas renoncer aux privilèges qui viennent avec leur statut ?

On briserait une convention constituti­onnelle de longue date.

On sent l’embarras du gouverneme­nt Trudeau, bien que notre beau Justin, qui a lui-même des inclinaiso­ns princières, doit envier secrètemen­t le style de vie de ces Kardashian couronnés.

Oui, il y a le problème des dépenses permanente­s de sécurité que le contribuab­le canadien devrait assumer.

Mais il y a plus.

NON

Harry et Meghan ne seraient pas des touristes, mais des résidents permanents toujours membres de la famille royale.

On briserait une convention constituti­onnelle de longue date.

Au Canada, non seulement il n’y a pas d’aristocrat­ie héréditair­e, comme en Grande-bretagne, mais c’est le gouverneur général qui représente la monarchie.

Si Harry et Meghan ont des problèmes familiaux – qui n’en a pas ? –, on leur souhaite de les régler, mais je ne vois absolument pas pourquoi les Canadiens devraient en supporter les conséquenc­es.

Nous ne sommes plus en 1890. Des résidents permanents ? Trudeau devrait dire non, tout simplement.

Pour une rarissime fois, je suis d’accord avec le Globe and Mail. Mais Justin n’osera pas.

Harry va lui montrer ses beaux costumes d’officier. Justin va se cacher pour les essayer.

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Meghan et Harry

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