Le Journal de Quebec

Ottawa a payé un demi-million $ à des fonctionna­ires morts

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Le gouverneme­nt fédéral a perdu près d’un demi-million de dollars en continuant à payer la rente de cinq fonctionna­ires retraités… après leur mort.

La mention de ce gaspillage de fonds publics qui s’élève à exactement 434 000 $ se trouve dans une petite ligne parmi les centaines de pages des Comptes publics 2018-2019 du gouverneme­nt.

« Ce sont des cas de prestation­s de pension identifiés en 2018-19 où le participan­t retraité est décédé et le Centre des pensions n’a pas été avisé du décès », a expliqué un porte-parole de Services publics et Approvisio­nnement Canada (SPAC), Marc-andré Charbonnea­u. « Le paiement mensuel n’a pu être annulé en temps opportun et il a continué d’être versé dans le compte du participan­t », a-t-il poursuivi.

Plutôt qu’un simple oubli de la part de la famille ou des proches des cinq ex-fonctionna­ires, le fédéral soupçonne que ces trop-payés étaient plutôt le fruit de gestes intentionn­els et criminels.

Les cinq cas ont donc été transmis à l’unité des enquêtes spéciales de SPAC, qui a ensuite passé les dossiers à la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC).

La GRC n’a pas répondu aux nombreux courriels du Journal. SPAC n’a pas voulu donner le nom des prestatair­es visés ni le montant en cause dans chaque cas.

AUCUN ARGENT RÉCUPÉRÉ

À ce jour, le fédéral admet ne pas avoir réussi à récupérer un sou des centaines de milliers de dollars perdus.

Mais Ottawa dit avoir encore quelques cartes dans sa manche, et continue de considérer cette somme comme récupérabl­e.

« Ces incidents sont très rares : seuls deux cas semblables ont été découverts en 2011-12 », a ajouté M. Charbonnea­u.

De tels trop-payés par un fonds de pension qui dessert des milliers de retraités sont « inévitable­s », car un employeur ne peut pas toujours faire le suivi de l’état de ses retraités, a estimé Mario Lavallée, professeur de finance à l’université de Sherbrooke.

« À l’ère du dépôt direct, un gérant de fonds de pension ou une institutio­n bancaire peut mettre en place plusieurs mesures de sauvegarde, mais on ne peut pas faire le suivi tous les mois auprès du retraité pour s’assurer qu’il est encore en vie. » Le fait qu’il y ait eu seulement cinq cas identifiés de fraude en une année pour un employeur de la taille du gouverneme­nt fédéral est tout de même admirable, a-t-il ajouté.

Chez SPAC, on dit avoir accru la vigilance en signant un accord qui permet d’échanger avec d’autres ministères des avis de décès de Canadiens.

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