La pénurie de main-d’oeuvre fera à nouveau des siennes
Les gens d’affaires de Québec font le point sur l’année à venir
Enjeu marquant de la dernière année, la pénurie de main-d’oeuvre n’est pas près de se tasser, et ce sera aux entrepreneurs de s’y adapter à en croire le panel d’experts qui a présenté ses perspectives pour l’année 2020 aux gens d’affaires de Québec, hier midi.
Attractivité, rétention de personnel, immigration, choc générationnel : les enjeux liés à la main-d’oeuvre ont été nombreux lors de ce traditionnel dîner de début d’année organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Québec.
D’ailleurs, avec un taux de chômage à 3,1 %, ce n’est pas en 2020 que le problème s’estompera, selon Nathaly Riverin, présidente de Rouge Canari. « Les prévisions disent que ça va s’accentuer jusqu’à 2030. Donc il faut arrêter de voir ça comme un problème, mais plutôt comme une opportunité », souligne la stratège en entrepreneuriat.
Comme l’a soulevé la chroniqueuse du Journal Karine Gagnon, une série de mesures seront nécessaires pour permettre aux entreprises de garder la tête hors de l’eau. La facilitation du retour au travail des retraités fait partie de ces propositions qui ont suscité l’intérêt des 400 gens d’affaires réunis.
LES JEUNES ET LES VIEUX
« À la Banque Nationale, nous avons entre 20 % et 25 % de nos retraités qui retravaillent pour nous. Ça demande de la flexibilité parce qu’ils ne veulent pas toujours revenir à 40 heures par semaine, mais 20-25 %, c’est énorme », confiait Martin Lavigne, président Gestion de patrimoine à la Banque Nationale.
À l’opposé des retraités, les jeunes qui entrent sur le marché du travail représentent eux aussi un défi pour les entreprises. À un point tel que M. Lavigne pratique maintenant ce qu’il appelle « le mentorat inverse ». Une fois par mois, il rencontre deux milléniaux de son entreprise qui le guident sur la bonne voie pour les rejoindre.
« C’est incroyable comment on croit les comprendre, mais qu’on ne les comprend pas du tout », admet l’homme d’affaires qui conseille la méthode à ses pairs.
Sujets chauds dans la vieille capitale, les dossiers du tramway et du troisième lien sont évidemment revenus sur la table. Pour les experts, le dossier du tramway pourrait particulièrement donner un coup de pouce à Québec sur plusieurs tableaux.
TRANSPORT
« Ce que la littérature montre, c’est que la décision d’un immigrant de s’installer dans une ville, c’est l’emploi. Mais après ça, pour les conserver, les garder, il faut un réseau structurant parce qu’ils ont une culture de transport en commun », croit Jean-pierre Lessard, associé chez Aviseo Conseil, qui mise plus sur ce projet que sur le troisième lien.
L’environnement devra aussi faire partie des priorités des entrepreneurs de Québec en 2020, croit le panel d’experts. Terme à la mode, le développement durable pourrait même devenir un levier intéressant pour des entreprises à court terme.
« On peut penser au sans papier, à la gestion des déchets, acheter avec moins d’emballage, au covoiturage, au partage de machinerie avec d’autres entreprises, au télétravail. Il y a des économies à faire pour nous aussi », assure Nathaly Riverin.