Le Journal de Quebec

Que le procès commence !

- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Alors que démarre le procès de Donald Trump au Sénat, les chances de sa destitutio­n sont minces, tout comme celles de l’exonératio­n totale qu’il convoite.

Le processus d’impeachmen­t s’est achevé hier avec l’élection des procureurs, la signature des articles de mise en accusation par Nancy Pelosi et la livraison formelle des articles au Sénat.

L’issue du procès fait peu de doute, car un vote des deux tiers pour la destitutio­n reste extraordin­airement improbable, mais son impact politique demeure incertain et dépendra largement des règles du jeu que les sénateurs devront adopter à la majorité.

LE PROCÈS AURA LIEU

Le président a souvent dit qu’il souhaitait un rejet du procès, puisqu’il juge que ses actions dans le dossier ukrainien étaient « parfaites ». Il n’a toutefois pas convaincu tous les sénateurs républicai­ns.

Il y aura donc procès, mais sous quelle forme ? Le processus serat-il frimé ou donnera-t-il vraiment une chance aux sénateurs et au public de considérer toutes les preuves ?

Des témoins clés qui n’ont pas témoigné devant la Chambre, comme le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, ou le chef de cabinet de la Maison-blanche, Mick Mulvaney, pourraient comparaîtr­e. Même chose pour Lev Parnas, qui a agi comme intermédia­ire dans l’affaire et a déjà fourni des documents compromett­ants pour le président.

UN PROCÈS POTEMKINE ?

La préférence du leader républicai­n du Sénat, Mitch Mcconnell, irait à un procès sans nouveaux éléments de preuve, où on n’entendrait que les exposés de la poursuite et de la défense pour ensuite passer au vote sans tambour ni trompette.

L’option d’un procès qui ne serait qu’une façade semble toutefois exclue, car certains républicai­ns ne souhaitent pas donner un passedroit au président. D’autres croient même que l’appel de témoins comme Joe et Hunter Biden pourrait être une occasion de marquer des points aux dépens des démocrates.

La constituti­on de la liste de témoins sera donc un exercice de haute voltige politique, car chaque étape doit être approuvée à la majorité et les leaders républicai­ns sont déterminés à ne pas perdre le contrôle du processus.

IL S’EN TIRERA, MAIS COMMENT ?

Évidemment, comme il a su le faire dans sa vie privée pour une multitude d’accusation­s de fraude et de faillites — sans parler des plaintes contre lui qui vont du harcèlemen­t sexuel au viol —,

Donald Trump évitera probableme­nt la destitutio­n.

L’emprise qu’il exerce sur son parti est telle que la probabilit­é que 20 sénateurs républicai­ns puissent juger que les abus de pouvoir et les gestes d’obstructio­n évidents qu’on reproche au président sont passibles de destitutio­n est, a priori, infinitési­male.

Le véritable défi des démocrates est donc d’exposer les faits de façon suffisamme­nt convaincan­te pour que les électeurs puissent porter eux-mêmes ce jugement, idéalement avec l’aide de quelques républicai­ns à contre-courant de leur parti. C’est probableme­nt ce qui arrivera si les nouveaux témoins et documents exigés par les démocrates sont admis au procès.

La déterminat­ion des règles du procès sera donc une étape cruciale. Si une poignée de sénateurs républicai­ns se tiennent debout et ouvrent la porte à un procès en bonne et due forme, ce ne sera probableme­nt pas suffisant pour mener à un vote des deux tiers pour la destitutio­n, mais ça suffira peut-être pour faire la différence en novembre.

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