Pas de pont de glace à L’isle-verte cet hiver
Les insulaires seront donc privés de plusieurs services de base
En raison de l’hiver qui est trop doux, les habitants de L’isle-verte, dans le Bas-Saint-laurent, n’auront pas accès à un pont de glace balisé cette année. Il s’agit d’une première en plus de 70 ans pour les insulaires.
« Il n’y a pas eu assez de jours de froid consécutifs cet hiver, alors on ne balisera pas le pont cette année », a annoncé, hier, la mairesse de la municipalité de Notre-dame-des-sept-douleurs, Louise Newbury.
Pour accéder à la rive, les 26 habitants permanents de l’île vont donc dépendre d’un service d’hélicoptère « parfois capricieux » offert trois ou quatre fois par semaine.
« S’il vente trop, s’il y a trop de neige ou si la visibilité n’est pas bonne, l’hélicoptère ne décolle pas », a expliqué Gérald Dionne, un natif de L’isle-verte.
SITUATION INHABITUELLE
Les insulaires vont donc être privés d’un accès direct à plusieurs services de base, car sur l’île, il n’y a pas d’épicerie, de dépanneur et de station-service. Ils doivent habituellement traverser les 2 km de fleuve gelé pour atteindre la rive et ses services de base.
« Le pont de glace, c’est vraiment le seul moyen qu’on a pour sortir et rentrer à l’île quand on veut. Ça facilite vraiment notre vie au quotidien », a dit M. Dionne.
Depuis plus d’une vingtaine d’années, Jacques Fraser est responsable de baliser le pont de glace de L’isle-verte. Il n’a jamais connu un hiver sans pont de glace.
« Normalement, en décembre, on peut le baliser et passer dessus », a-t-il souligné.
Le pont est habituellement balisé avec de longues branches de conifères pour indiquer aux motoneigistes que le fleuve est suffisamment gelé et sécuritaire pour le traverser.
« Je suis né à l’île et il y a toujours eu un pont de glace, a dit M. Fraser. Avant, il y en avait même trois. Maintenant, il n’en reste qu’un et la glace prend de plus en plus tard [dans la saison]. »
RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ?
À savoir si cette gelée tardive est liée au réchauffement climatique, une experte en géographie de L’UQAM affirme qu’il est important « de ne pas faire de raccourcis ».
« On anticipe que, dans le fleuve Saint-laurent, les hivers seront plus doux et les glaces seront moins présentes. C’est une tendance générale, mais on pourrait quand même avoir des hivers très froids », a dit la professeure associée à L’UQAM Ursule Boyer-villemaire, qui se spécialise en adaptation aux changements climatiques dans le domaine maritime.
« Bien que cette situation-là soit nouvelle, elle pourrait quand même se reproduire dans le futur. Il ne faudrait pas en être surpris, a-t-elle ajouté. Il faut réfléchir à des moyens alternatifs de relier L’isle-verte au continent. »
- Avec Charles D’amboise, Agence QMI