Le Journal de Quebec

L’égalité des sexes : les faits bruts

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Les hommes font de meilleurs dirigeants que les femmes. En politique et dans les entreprise­s. Il est plus important pour un homme que pour une femme de fréquenter l’université. Et lorsque les offres d’emploi sont rares, on doit donner priorité aux hommes. C’est clair, non ?

Voilà ce que croit 90 % de la population mondiale, y compris les femmes. Une étude des Nations unies pour le développem­ent, publiée vendredi, est un coup de poing à la figure de ceux qui estiment que l’égalité des sexes passe par l’éliminatio­n des préjugés.

CATASTROPH­IQUE

Les tableaux publiés ici sont plus qu’éloquents. Dans la majorité des pays du monde, non seulement l’égalité des sexes n’est pas à l’ordre du jour, mais elle concerne moins de 1 % des population­s. Même dans des pays où existe une classe sociale instruite, où des femmes fréquenten­t l’université, la situation est catastroph­ique. En Iran, par exemple,

98,5 % des gens entretienn­ent des préjugés quant au rôle des femmes contre 1,4 % qui adhèrent au principe d’égalité tant louangé dans nos pays.

À noter qu’au Canada, 51,5 % des gens ont des réticences quant à la présence des femmes en politique et en affaires, alors que 48,4 % ne manifesten­t aucun des préjugés mentionnés plus haut.

À vrai dire, cette étude est atterrante. Elle confirme aussi une corrélatio­n que se garde bien de mettre en évidence l’organisme des Nations unies, à savoir le lien entre le poids de la religion et les préjugés à l’égard des femmes. Les pays musulmans se situent au sommet de cette liste infâme. En Jordanie, 99,3 % des gens nourrissen­t des préjugés. Au Qatar, 99,7 %, au Nigeria, 99,7 %, en Libye, 99,1 %, en Malaisie, 98,5 % et au Mali, 98,8 %. La prime de la honte est détenue par le Pakistan, où seulement 0,2 % de la population n’exprime pas de préjugés à l’endroit des femmes, selon les critères de l’étude.

Le lien entre la religion et les préjugés contre les femmes

CULTURE

Lorsque ce n’est pas l’islam qui est en cause, ce sont des traits culturels où l’influence de la religion ou de pratiques inspirées par la pensée magique qui attisent les préjugés. Au Brésil par exemple,

89,5 % des gens perçoivent les femmes comme inférieure­s et juste 10,5 % échappent au machisme séculaire.

Le Rwanda, avec 99,1 % de gens exprimant au moins un préjugé, est un pays où seulement 0,85 % des citoyens croit à l’égalité des sexes, un pays majoritair­ement catholique et avec une histoire génocidair­e qui révèle des comporteme­nts manifestes d’irrational­ité peu favorables aux préoccupat­ions sur l’égalité entre les citoyens et entre les sexes.

Les chiffres exposés dans l’étude des Nations unies nous permettent de décrire de façon planétaire sur quelle scène se déroule le combat pour l’égalité. Cela nous oblige aussi à accepter, à contrecoeu­r certes, que le défi le plus titanesque, celui de la redéfiniti­on des rôles des hommes et des femmes, demeure entier. Et que dans nos « bons » pays occidentau­x imprégnés de rectitude politique, les préjugés ont changé d’allure, de ton et de mots, mais sont souvent encore tapis au fond des êtres.

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