Le Journal de Quebec

Le territoire libre de Kahnawake

- MARIO DUMONT e Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r c mario.dumont@quebecorme­dia.com

Intervenir sur le territoire de Kahnawake ? Le président du syndicat des policiers de la Sûreté du Québec aurait eu peur pour ses membres. Il semble croire à la présence d’armes de guerre sur le territoire. Tout comme le premier ministre qui a osé parler publiqueme­nt de AK-47.

Les Mohawks de Kahnawake ont décidé de libérer la voie ferrée. Unilatéral­ement. Tout le monde était soumis. La situation avait tourné au ridicule depuis l’entente avec les représenta­nts des chefs héréditair­es Wet’suwet’en. Les Mohawks appuyaient des gens qui n’étaient même plus eux-mêmes en moyens de pression.

Je parle des Mohawks, il faut toujours nuancer cette généralisa­tion. Combien ont vraiment participé aux barricades ? Qu’en pensait la majorité silencieus­e dans la communauté ? Ceux qui désapprouv­aient cette prise en otage du reste de la population auraient-ils pu l’exprimer sans peur ? Pas clair.

L’épisode des blocus ferroviair­es nous a rappelé le triste souvenir de 1990, certes. Mais il nous a aussi mis au visage l’inefficaci­té de tous les compromis qui ont suivi. Des compromis pour avoir de bonnes relations ? Voilà qui est tout à fait souhaitabl­e. Des compromiss­ions pour acheter la paix, voilà qui est moins beau… et plus risqué à terme.

LES PEACEKEEPE­RS

L’entente remettant la responsabi­lité des services policiers de la communauté aux Peacekeepe­rs fut reconnue comme une avancée exceptionn­elle. Un geste de reconnaiss­ance de leur autonomie. Peu nombreuses sont les communauté­s des Premières Nations au Canada qui bénéficien­t d’une telle entente.

Quel bilan faire du travail des Peacekeepe­rs au cours du dernier mois ? Des gens obstruent la voie ferrée, aucune interventi­on. La cour émet une injonction, ils ne permettent même pas qu’un huissier ou quiconque puisse aller au minimum remettre le papier aux auteurs du blocus.

Des individus masqués dessinent une ligne que les journalist­es ne doivent pas dépasser. Les Peacekeepe­rs n’intervienn­ent ni pour assurer la libre circulatio­n des personnes sur le territoire ni pour assurer le principe de liberté de presse.

QUELLE LOI ?

En plusieurs matières, les gouverneme­nts ont fait de l’aveuglemen­t volontaire avec la non-applicatio­n de multiples lois. Prenons la vente de tabac. Des cigarettes produites et vendues à Kahnawake contrevien­nent à une longue liste de lois en matière de santé, d’affichage et de commerce. Sans parler de l’enjeu des taxes.

Depuis l’an dernier, le gouverneme­nt a aussi fermé les yeux sur l’installati­on d’un nouveau casino. Pourtant, lorsqu’il fut question d’un casino à Québec, Loto-québec a soigneusem­ent mesuré les effets de concurrenc­e sur Charlevoix. Le casino de Kahnawake se situe à 25 km de celui de Montréal. Pas un mot, pas de questions de l’opposition, tout le monde a agi comme si cela n’existait pas.

Le cas Kahnawake n’a rien à voir avec le dossier autochtone dans son ensemble. Les récents événements nous ont rappelé l’enjeu de sécurité qui existe à quelques kilomètres de Montréal, un territoire aux lois aléatoires, où personne ne peut intervenir.

Pour l’instant, nos gouverneme­nts ont eu une seule réponse : fermer les yeux. Ça n’a pas marché.

 ??  ??
 ??  ?? Depuis 30 ans, nos gouverneme­nts ont tenté d’acheter la paix avec la communauté de Kahnawake. Un échec.
Depuis 30 ans, nos gouverneme­nts ont tenté d’acheter la paix avec la communauté de Kahnawake. Un échec.

Newspapers in French

Newspapers from Canada