Le Journal de Quebec

L’héritage de la crise

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

Certains diront que la crise ferroviair­e est passée bien proche de se transforme­r en crise sociale à la grandeur du Canada.

C’est une manière de voir les choses. Il y en a une autre.

Cette crise, dans les faits, a dégénéré. Et si nous avons évité la violence, il n’en demeure pas moins qu’un nouveau rapport de force vient de s’établir entre les militants amérindien­s les plus radicaux et les pouvoirs publics. Il est à l’avantage des premiers.

RADICAUX

Résumons la chose ainsi : il est désormais permis de prendre en otage l’économie du Canada en bloquant son système ferroviair­e sans risquer une riposte policière. Du moins, si on porte l’étendard autochtone.

Que plusieurs revendicat­ions amérindien­nes soient fondamenta­lement légitimes est incontesta­ble. Qu’elles donnent le droit aux radicaux dans certaines communauté­s de paralyser la vie économique canadienne l’est beaucoup moins, quoi qu’en pense Justin Trudeau, qui s’est véritablem­ent liquéfié pendant la crise.

Les réserves sont-elles des république­s autonomes où les pouvoirs publics ne s’appliquent pas ? Si tel est le cas, il faut nous le dire. Suffit-il par ailleurs qu’un territoire soit déclaré ancestral et revendiqué par une communauté amérindien­ne pour qu’il se trouve immédiatem­ent doté d’un statut symbolique particulie­r ? La revendicat­ion suffit-elle à créer le droit ?

On aimerait croire qu’il n’y a pas deux catégories de citoyen devant la loi. Mais dites cela devant certains commentate­urs, et ils vous accuseront de suprémacis­me blanc.

IMPUISSANC­E

On a beau parler de dialogue et de réconcilia­tion, la politique relève en dernière instance des rapports de force. Et en ce moment, ils jouent à l’avantage des militants amérindien­s les plus radicaux. Ils disposent de l’avantage symbolique, à un moment où la mauvaise conscience « postcoloni­ale » domine le discours public.

Mais surtout, les pouvoirs publics ont peur d’eux, et ont confessé leur navrante impuissanc­e. Tel est le véritable héritage de la crise autochtone.

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