L’héritage de la crise
Certains diront que la crise ferroviaire est passée bien proche de se transformer en crise sociale à la grandeur du Canada.
C’est une manière de voir les choses. Il y en a une autre.
Cette crise, dans les faits, a dégénéré. Et si nous avons évité la violence, il n’en demeure pas moins qu’un nouveau rapport de force vient de s’établir entre les militants amérindiens les plus radicaux et les pouvoirs publics. Il est à l’avantage des premiers.
RADICAUX
Résumons la chose ainsi : il est désormais permis de prendre en otage l’économie du Canada en bloquant son système ferroviaire sans risquer une riposte policière. Du moins, si on porte l’étendard autochtone.
Que plusieurs revendications amérindiennes soient fondamentalement légitimes est incontestable. Qu’elles donnent le droit aux radicaux dans certaines communautés de paralyser la vie économique canadienne l’est beaucoup moins, quoi qu’en pense Justin Trudeau, qui s’est véritablement liquéfié pendant la crise.
Les réserves sont-elles des républiques autonomes où les pouvoirs publics ne s’appliquent pas ? Si tel est le cas, il faut nous le dire. Suffit-il par ailleurs qu’un territoire soit déclaré ancestral et revendiqué par une communauté amérindienne pour qu’il se trouve immédiatement doté d’un statut symbolique particulier ? La revendication suffit-elle à créer le droit ?
On aimerait croire qu’il n’y a pas deux catégories de citoyen devant la loi. Mais dites cela devant certains commentateurs, et ils vous accuseront de suprémacisme blanc.
IMPUISSANCE
On a beau parler de dialogue et de réconciliation, la politique relève en dernière instance des rapports de force. Et en ce moment, ils jouent à l’avantage des militants amérindiens les plus radicaux. Ils disposent de l’avantage symbolique, à un moment où la mauvaise conscience « postcoloniale » domine le discours public.
Mais surtout, les pouvoirs publics ont peur d’eux, et ont confessé leur navrante impuissance. Tel est le véritable héritage de la crise autochtone.