Le Journal de Quebec

Calme à Idleb au premier jour de la trêve entre la Russie et la Turquie

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IDLEB | (AFP) La région d’idleb, théâtre depuis plusieurs mois d’une bataille acharnée et d’une grave crise humanitair­e, connaissai­t une rare accalmie hier, au lendemain d’un accord de trêve dans le nord-ouest de la Syrie où Damas tente de reprendre des zones échappant à son contrôle.

Ce cessez-le-feu, entré en vigueur à minuit, a été conclu jeudi entre la Russie – soutien de Damas – et la Turquie – qui appuie des groupes rebelles.

Alors que le dirigeant syrien Bachar al-assad s’est dit hier « satisfait », selon un communiqué de sa présidence, Washington a annoncé s’opposer à l’adoption d’une déclaratio­n du Conseil de sécurité de L’ONU soutenant cet accord, la jugeant « prématurée ».

La trêve s’est maintenue durant la journée, selon l’observatoi­re syrien des droits de l’homme (OSDH). Le directeur de L’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a souligné « l’absence totale d’avions de guerre russes et du régime dans l’espace aérien d’idleb », malgré « des affronteme­nts intermitte­nts et des échanges de tirs qui ont eu lieu lors des trois premières heures hier.

ACCROCHAGE­S

Ces accrochage­s ont fait six morts parmi les soldats syriens et au moins neuf parmi les djihadiste­s du Parti islamique du Turkestan (TIP) — dont les membres appartienn­ent majoritair­ement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

À Damas, l’agence de presse officielle SANA a indiqué que « le calme régnait » sur l’ensemble de la région.

Jeudi, le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan sont parvenus à un accord de cessez-le-feu au terme d’une réunion marathon à Moscou.

Cette trêve doit mettre fin à des violences ayant tué près de 500 civils, selon L’OSDH, et fait près d’un million de déplacés depuis le début, en décembre, d’une nouvelle offensive de Damas dans la région, d’après L’ONU.

Selon l’accord, la Russie et la Turquie organisero­nt à partir du 15 mars des patrouille­s communes sur une large portion de l’autoroute M4, un axe crucial pour Damas, reliant Alep (nord) à Lattaquié (ouest) en passant par la région d’idleb.

Ces patrouille­s conjointes circuleron­t entre le village de Tronba (à Idleb) et un village de la province de Lattaquié, un bastion du régime.

AUCUNE CONFIANCE

Mais les habitants d’idleb sont pour le moins sceptiques.

Des dizaines de personnes ont manifesté dans la localité de Kafr Takharim (nord-ouest d’idleb) contre l’accord, qui ne prévoit pas, selon eux, un retour des déplacés chez eux, a indiqué un correspond­ant sur place.

Ahmad Qaddour, qui vit dans un camp de déplacés avec son épouse et ses deux enfants, dit s’attendre au pire. « Nous n’avons aucune confiance dans le régime et la Russie », affirme ce père de famille de 29 ans.

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