Le Journal de Quebec

Le COVID-19 pourrait vider les espaces de coworking

- MARTIN JOLICOEUR

La crainte de propagatio­n du coronaviru­s provoque de plus en plus de remous dans l’industrie jusque-là en forte croissance de la location d’espaces de travail partagés, plus connue sous le nom de coworking.

« Je vous dirais qu’avec tout ce que nous entendons, je suis de moins en moins à l’aise de me rendre au travail le matin », confie un profession­nel de l’industrie des jeux vidéo, dont les bureaux sont situés dans un de ces nombreux espaces de travail partagés du quartier Mile End, à Montréal.

« Je ne suis pas du genre inquiet. Mais la réalité est que l’on croise des gens de partout dans ces lieux. Des travailleu­rs autonomes, des travailleu­rs de différente­s industries et entreprise­s. On ne peut pas tous les connaître. Et pourtant, nous partageons les mêmes bureaux, les mêmes salles de réunion, les mêmes assiettes et ustensiles dans la cuisine. Les risques de propagatio­n sont réels. »

DANGER AU TRAVAIL ?

Plus tôt cette semaine, la multinatio­nale Insight annonçait avoir demandé à l’ensemble de ses équipes de travailler de la maison. La trentaine de ses employés de Montréal travaillai­ent d’un tel espace, géré par l’américaine Wework, en face du Centre Bell.

Même si Insight assure n’avoir « aucun cas confirmé d’employé contaminé au virus », y a-t-il lieu de s’inquiéter ? Tant pour les clients que pour ce modèle d’entreprise­s qui pullulent dans toutes les régions du Québec depuis quelques années? Breathe, par exemple, une société spécialisé­e dans la location de bureaux fermés, soutient en tout cas avoir observé une recrudesce­nce d’intérêt de travailleu­rs désireux de quitter leur espace de travail partagé depuis quelque temps.

Chez Montreal Cowork, l’un des plus importants espaces du genre à Montréal, on dit concevoir que certains puissent s’inquiéter, même sans avoir eu vent d’inquiétude­s du genre parmi sa clientèle. L’adresse regroupe à elle seule les employés d’une quarantain­e d’entreprise­s.

CHANGEMENT À L’HORIZON

« Mais je serais fort étonné qu’un virus, somme toute moins dangereux que la grippe, vienne compromett­re un modèle d’affaires qui fonctionne bien partout dans le monde », affirme le cofondateu­r de Montreal Cowork, François Talbot.

La professeur­e Diane-gabrielle Tremblay, spécialist­e en gestion des ressources humaines, en économie et en sociologie du travail à l’université TELUQ, est tentée de donner raison à l’enthousias­me de M.talbot. « De tels espaces ouverts, et souvent empreints d’une dynamique collective, ont encore la cote », dit-elle.

Selon elle, l’impact le plus important du coronaviru­s sur le monde du travail sera sans doute d’accélérer l’introducti­on du télétravai­l dans les organisati­ons qui y étaient encore réfractair­es.

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