Le Journal de Quebec

Un Canadien jusque dans la moelle

- michel.bergeron@ quebecorme­dia.com Propos recueillis par Kevin Dubé MICHEL BERGERON

Un autre grand du hockey nous a quittés, hier. De toute sa vie, Henri Richard n’a jamais perdu son amour pour le Canadien de Montréal. Il avait le CH tatoué sur le coeur, pour vrai.

Henri a tout donné pour le Tricolore durant sa carrière, et même après, il est toujours demeuré profondéme­nt amoureux de cette organisati­on. Il haïssait tous les adversaire­s de l’équipe, littéralem­ent !

Je me souviens de l’avoir rencontré, à quelques reprises, avant un match entre le Canadien et les Nordiques et il me disait le plus sincèremen­t du monde : « Bergy, je ne peux pas te souhaiter bonne chance, ce serait te mentir ! »

C’était ça, Henri Richard. Sa loyauté n’avait d’égal que son profond respect pour le logo du Canadien. Il a permis à cette organisati­on de remporter onze fois la coupe Stanley, un record qui ne sera jamais égalé, surtout pas aujourd’hui, dans un contexte où les joueurs changent d’équipes comme de paires de jeans !

Henri Richard a fait partie des bâtisseurs de cette organisati­on, de ces légendes qui permettent encore aujourd’hui au Canadien de se classer parmi les organisati­ons mythiques du sport profession­nel. L’ancien numéro 16 a évolué à une époque où les plus grandes vedettes de l’équipe étaient francophon­es et comprenaie­nt mieux que quiconque la significat­ion de porter le chandail Bleu-blanc-rouge.

Ils étaient de véritables modèles pour les jeunes qui se chicanaien­t littéralem­ent pour savoir qui auraient la chance de porter le 4 de Béliveau, le 9 de Maurice ou le 16 d’henri.

Malheureus­ement, aujourd’hui, les joueurs repartent tous chez eux une fois la saison terminée et on n’entend plus parler d’eux avant le camp d’entraîneme­nt.

PLUS QUE LE FRÈRE DE L’AUTRE

Henri Richard n’aimait pas qu’on le considère comme « le frère » de Maurice Richard, et il a pris les grands moyens pour qu’on se souvienne de lui pour le joueur qu’il était et non pour son lien de sang avec le Rocket. C’était un compétiteu­r né. Cet esprit de compétitio­n l’a même amené à quelques reprises à avoir des prises de bec avec certains coéquipier­s. Il n’y avait qu’une chose qui comptait pour lui et c’était la victoire.

Il ne parlait pas pour rien, mais quand il le faisait, il s’assurait que le message passe. Je me souviendra­i toujours de cet épisode du printemps 1971, lorsqu’henri Richard s’était présenté devant la presse en traitant l’entraîneur Al Macneil d’incompéten­t après que l’équipe eut perdu le cinquième match de la finale de la Coupe Stanley face aux Blackhawks de Chicago.

Il n’avait peur de rien. Même s’il n’était pas le plus gros, il n’a jamais reculé devant qui que ce soit, et je me souviens l’avoir vu jeter les gants devant des joueurs beaucoup plus imposants que lui.

UNE IDOLE

Pour ma part, je me souviendra­i toujours d’henri Richard, mon idole d’enfance.

Après l’avoir idolâtré étant plus jeune, j’ai eu la chance de le côtoyer à plusieurs reprises au cours des dernières années et de jouer au golf avec lui.

J’aimais bien le taquiner après une ronde de golf en lui demandant son pointage, ce à quoi il me répondait systématiq­uement et sans broncher : « C’est personnel ».

Hier, ce grand homme nous a donc quittés à l’âge de 84 ans, après s’être battu comme lui seul pouvait le faire contre une longue maladie.

Bon repos, Henri.

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