LES ONGLES DE GILLES
1-Un lecteur, Gilles B., aimerait cesser de se ronger les ongles. Et quand se ronge-til les ongles ? Chaque fois qu’il entend dire, à la radio, à la télé, « le piéton a été happé par une voiture ». On peut s’étonner, en effet, de l’emploi « quasi systématique » du verbe « happer » dans les bulletins de nouvelles ou les articles de journaux traitant de collisions impliquant véhicules et piétons ou cyclistes. La définition du mot happer, « saisir quelqu’un avec force, l’attraper brusquement », peut sembler mal décrire un accident. Pourtant, l’emploi du verbe happer, surtout à la forme passive, est tout à fait correct dans le contexte d’un choc accidentel : un piéton happé par un train ; un vacancier happé par une vague. On dira aussi, peut-être préférablement, qu’une voiture a heurté un piéton, qu’elle l’a renversé.
2- Vu et revu à la télé le message d’un commanditaire qui affirme offrir ses services « sans aucun frais », nous informe C. Poliquin. « Aucun ne devrait-il pas prendre un s devant un mot sans singulier (aucuns frais, aucunes funérailles) ? » Aucun signifie « pas un » et s’emploie au singulier à moins qu’il détermine un nom n’admettant que le pluriel, comme frais, honoraires, fiançailles, funérailles, condoléances… et le mot « précipitation » utilisé dans le sens de « précipitations » de pluie, de grêle. Le déterminant indéfini aucun et les adjectifs associés à ces mots strictement pluriels se mettent au pluriel : Aucunes fiançailles, aucuns frais. Aucunes funérailles, aucunes condoléances.