Réinventons notre démocratie
Avec la pandémie, certaines choses vont changer en mieux. Ces transformations doivent être définitives.
Les systèmes de santé et de justice étaient les deux secteurs d’activités, publics et privés confondus, les plus réfractaires aux nouvelles technologies. Le fax existe encore à cause d’eux. Présentement, les citoyens prennent goût aux consultations médicales au téléphone. À la Cour d’appel, on met en place un greffe numérique pour déposer des recours. Il faut aller plus loin. C’est déprimant qu’il ait fallu une pandémie historique pour en arriver là. Faut que ça change.
Pour bien intentionnée qu’elle soit, l’initiative du Panier Bleu va surtout révéler l’immense retard des détaillants québécois en matière de ventes en ligne. La plateforme fait en plus compliqué ce que Google offre déjà et montre que nos entreprises ne sont pas prêtes à faire compétition à Amazon quant à son incroyable capacité à assurer une livraison rapide et à gérer les retours de marchandise. Là, il faut s’adapter – et vite – ou mourir. Faut que ça change.
Ce n’est pas demain la veille que 125 élus pourront siéger dans la même pièce.
ROUVRIR LA BOUTIQUE
Il y a une autre institution qui n’est absolument pas prête à fonctionner dans le contexte et c’est l’assemblée nationale du Québec. À Ottawa, Justin Trudeau parle de l’importance de réactiver nos institutions démocratiques et cherche un moyen d’y arriver. À la Ville de Québec, Régis Labeaume a tenu un conseil municipal en visioconférence. À l’assemblée, rien. Personne ne parle de ça.
La Terre n’a pas arrêté de tourner et le Québec n’a pas cessé d’être une démocratie. Il y a encore des projets de loi à adopter et une reddition de comptes à demander au gouvernement, mais ce n’est pas demain la veille que 125 élus pourront siéger dans la même pièce. Jusqu’ici, le président de l’assemblée nationale François Paradis ne nous a pas indiqué qu’il se demandait comment rouvrir la boutique.
Ni les conflits mondiaux ni la grippe espagnole n’ont fait fermer les Parlements. Même la Chambre des communes britannique a continué de se réunir pendant le Blitz. Loin d’encourager la partisanerie, ces crises ont créé des épiphanies de collaboration parlementaire constructive.
ESSENTIELLE
Avec la technologie, plus d’excuses. Pour l’heure, les parlementaires ne veulent pas siéger, ils répondent du lever jusqu’au coucher à des demandes de citoyens et c’est correct comme ça. Mais en mai, en juin ou en septembre, une nouvelle normalité se sera installée et il faudra être prêt à procéder.
Les questions et réponses écrites n’ont pas besoin d’une chambre physiquement opérationnelle pour exister. Les commissions parlementaires peuvent se réunir en visioconférence. Les interpellations ministérielles pourraient avoir lieu en ligne. Une discussion de deux heures entre Danielle Mccann et Gaétan Barrette serait utile et suivie par les temps qui courent.
Dans tous les cas, si ce n’est pas urgent pour demain, ça le sera après-demain. Faire fonctionner le Parlement en ligne ne doit pas devenir la norme, mais ça permet de créer des outils utiles aux élus et aux citoyens pour l’avenir. Pour l’instant, on n’a rien, comme si notre démocratie n’était pas un service essentiel.
Faut que ça change.