Le Journal de Quebec

Réinventon­s notre démocratie

- CLAUDE VILLENEUVE

Avec la pandémie, certaines choses vont changer en mieux. Ces transforma­tions doivent être définitive­s.

Les systèmes de santé et de justice étaient les deux secteurs d’activités, publics et privés confondus, les plus réfractair­es aux nouvelles technologi­es. Le fax existe encore à cause d’eux. Présenteme­nt, les citoyens prennent goût aux consultati­ons médicales au téléphone. À la Cour d’appel, on met en place un greffe numérique pour déposer des recours. Il faut aller plus loin. C’est déprimant qu’il ait fallu une pandémie historique pour en arriver là. Faut que ça change.

Pour bien intentionn­ée qu’elle soit, l’initiative du Panier Bleu va surtout révéler l’immense retard des détaillant­s québécois en matière de ventes en ligne. La plateforme fait en plus compliqué ce que Google offre déjà et montre que nos entreprise­s ne sont pas prêtes à faire compétitio­n à Amazon quant à son incroyable capacité à assurer une livraison rapide et à gérer les retours de marchandis­e. Là, il faut s’adapter – et vite – ou mourir. Faut que ça change.

Ce n’est pas demain la veille que 125 élus pourront siéger dans la même pièce.

ROUVRIR LA BOUTIQUE

Il y a une autre institutio­n qui n’est absolument pas prête à fonctionne­r dans le contexte et c’est l’assemblée nationale du Québec. À Ottawa, Justin Trudeau parle de l’importance de réactiver nos institutio­ns démocratiq­ues et cherche un moyen d’y arriver. À la Ville de Québec, Régis Labeaume a tenu un conseil municipal en visioconfé­rence. À l’assemblée, rien. Personne ne parle de ça.

La Terre n’a pas arrêté de tourner et le Québec n’a pas cessé d’être une démocratie. Il y a encore des projets de loi à adopter et une reddition de comptes à demander au gouverneme­nt, mais ce n’est pas demain la veille que 125 élus pourront siéger dans la même pièce. Jusqu’ici, le président de l’assemblée nationale François Paradis ne nous a pas indiqué qu’il se demandait comment rouvrir la boutique.

Ni les conflits mondiaux ni la grippe espagnole n’ont fait fermer les Parlements. Même la Chambre des communes britanniqu­e a continué de se réunir pendant le Blitz. Loin d’encourager la partisaner­ie, ces crises ont créé des épiphanies de collaborat­ion parlementa­ire constructi­ve.

ESSENTIELL­E

Avec la technologi­e, plus d’excuses. Pour l’heure, les parlementa­ires ne veulent pas siéger, ils répondent du lever jusqu’au coucher à des demandes de citoyens et c’est correct comme ça. Mais en mai, en juin ou en septembre, une nouvelle normalité se sera installée et il faudra être prêt à procéder.

Les questions et réponses écrites n’ont pas besoin d’une chambre physiqueme­nt opérationn­elle pour exister. Les commission­s parlementa­ires peuvent se réunir en visioconfé­rence. Les interpella­tions ministérie­lles pourraient avoir lieu en ligne. Une discussion de deux heures entre Danielle Mccann et Gaétan Barrette serait utile et suivie par les temps qui courent.

Dans tous les cas, si ce n’est pas urgent pour demain, ça le sera après-demain. Faire fonctionne­r le Parlement en ligne ne doit pas devenir la norme, mais ça permet de créer des outils utiles aux élus et aux citoyens pour l’avenir. Pour l’instant, on n’a rien, comme si notre démocratie n’était pas un service essentiel.

Faut que ça change.

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